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Une histoire de la forêt

A quoi ressemblaient les paysages du temps de nos ancêtres, et doit-on regretter un passé à la nature luxuriante ? Voici une partie de la réponse, avec le livre “Une histoire de la forêt”.

La mauvaise histoire

Martine Chalvet est “Maître de conférences à l’université de la Méditerranée, spécialiste de l’histoire de l’environnement et des paysages.” (on n’en saura pas plus, ne trouvant sur le web que des copier-coller de cette phrase !) : elle nous raconte dans son livre l’histoire de la forêt depuis l’apparition de l’homme jusqu’à nos jours, avec pour but premier de remettre les pendules à l’heure : oubliez les grandes forêts que traversaient nos héros chevaleresques !

Car jusqu’il y a peu, les historiens se basaient principalement sur les écrits et l’art pour s’imaginer nos forêts d’antan. A la lumières des nouvelles techniques archéologiques, c’est plutôt une forêt dynamique qui se dessine, exploitée de manières bien différentes au cours de nos civilisations.

Bref, la forêt a dans un premier temps évolué suivant les climats puis, avec la sédentarisation de l’homme, elle a fluctué suivant une dynamique complexe, dans laquelle nous avons été destructeurs mais aussi protecteurs et créateurs de biodiversité, ce qui nous amène à conclure qu’il n’y a plus, en Europe, de forêt originelle.

Evoltion des forêts et des hommes
© foret.chambaran.free.fr

Un bois obsolète

Nos forêts sont liées à l’homme, et retracer son histoire, c’est un peu raconter notre société et nos croyances.

Lieu de vénération et de divinités pour les premiers peuples, endroits sauvages à exclure de la civilisation pour les romains, ressources essentielles pour les paysans et leur bétail au Moyen Âge, rôle économique primordial à partir du XVème siècle, sylviculture industrielle sur les derniers siècles, et lieux protégés ou de loisir aujourd’hui : le rôle de la forêt a bien changé au cours des siècles.

Le bois est même tout un symbole de notre évolution : indispensable à toute construction et énergie hier, remplacé aujourd’hui par une pléthore de matières. On peut en tirer cette leçon : “Les prévisions du passé correspondent rarement aux besoins du présent.” (p. 241).

Promenons-nous donc dans les bois qui, en Europe du moins, ont reconquéri du territoire. Mais ne traînons pas…

Une forêt sous pression

La hasard a voulu que je tombe sur le  projet Erscia, qui consiste à implanter une usine exploitant le bois en France : une industrie qui heurte les écologistes, car elle implique des coupes en quantités industrielles, ainsi qu’une usine implantée dans une zone à la riche biodiversité.

Voici le point de vue de Pascal Jacob, initiateur de ce projet : il est temps que la France déploie de nouveaux pôles industriels pour exploiter ses réserves forestières, car en attendant, elle doit importer le bois pour répondre à la demande.

J’ai contacté mr Jacob, pour lui demander quelle politique il envisageait pour gérer les ressources forestières ? Il m’a donné ces chiffres : l’accroissement naturel annuel de la forêt française est de 90 millions de m3, et le prélèvement ne sera que de 45 millions.

Ces chiffres sont difficiles à interpréter. Mais il est un fait qu’en un siècle, la forêt française a quasiment doublé. Serait-on les témoins privilégiés d’une forêt qui a atteint son apogée, et qui va maintenant entamer une décroissance sous les coupes industrielles ?

Replongeons dans le livre :  j’apprends que la gestion des forêts actuelles, pour beaucoup protégées et/ou vouées aux loisirs, coûte cher… Elle est donc sous pression !

Une bien belle histoire, parmi d’autres

Je referme ce livre, et je n’ai qu’une partie de la réponse concernant l’évolution des forêts car, comme le mentionne le titre, c’est “Une” histoire de la forêt : celle de l’Europe. Et ne je saurai quasiment rien de la forêt amazonienne, par exemple.

ExtraPaul lit une histoire, dans la forêt...
ExtraPaul lit une histoire, dans la forêt…

En fait, ce livre s’adresse plus aux historiens qu’aux écologistes. C’est détaillé, fouillé, pointu, et je ne l’ai pas trouvé facile à lire. J’ai du mal à prendre de la hauteur pour en tirer les grands traits. A tel point que j’ai essayé de me résumer les grandes périodes d’expansion et de diminution des forêts d’Europe, sans y parvenir : je me suis alors rabattu sur ce petit diaporama de l’excellente émission “Les Dessous des Cartes” (ARTE).

Le livre regorge aussi d’un riche vocabulaire lié au milieu forestier : ça ne facilite pas la lecture et, sapristi, l’auteure aurait pu signaler qu’un dictionnaire se trouvait à la fin du livre ! Puisse cette remarque servir aux prochains lecteurs…

Allons en forêt... (plusieurs réponses possibles)

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Fier de ma bibliothèque vide

J’ai le cœur gros comme ça, l’estomac noué : une partie de mon histoire s’en va, bye bye ma collection de livres S-F. Les étagères sont vides, la poussière retombe sur les traces de 30 ans de lectures tandis que je ferme la dernière caisse. Une page est tournée…

Et puis quoi, en fait ?

Croyez-le bien : ma collection de livres de Science-Fiction, je la voyais m’accompagner jusqu’au dernier jour de ma vie ! Elle me survivrait et… et puis quoi, en fait ?

Quel est le sens d’amasser, d’accumuler, de collectionner ? CD, DVD ou BD, passe encore : ça s’écoute/se regarde/se relit plusieurs fois, et ça se prête facilement. Mais des romans SF ? Une telle littérature intéresse peu de monde : ces quelques 600 livres n’ont quasiment été touchés que par mes doigts !

Et donc, j’en suis venu à me demander “… et puis quoi, en fait ?”. L’attache sentimentale et la fierté de posséder cette belle collection ne m’empêchaient plus de prendre du recul, et de la voir comme un signe d’un consumérisme qui m’apporte de moins en moins de satisfaction…

Alors, pour répondre à la question “et puis quoi, en fait ?”, il me fallait trouver une réponse qui aie du sens… N’était-il pas temps que ces livres trouvent de nouveaux lecteurs ? Car un livre, c’est fait pour être lu, non pour prendre la poussière.

Ma bibliothèque SF
Oui, je les ai tous lus. Et maintenant ?

Téléportation

N’étant pas dans le besoin, la pire idée aurait été de revendre mes livres : que ce soit en passant par les magasins de deuxième main ou par la vente en ligne, j’aurais vu ma bibliothèque partir en petits morceaux. Une décomposition sans fin, une mort à petit feu qui m’aurait laissé avec une bibliothèque dépareillée.

Un Alzheimer de mon imaginaire, non merci !

Il fallait qu’elle parte en un coup et, si possible, qu’elle se retrouve intégralement autre part (téléportation !).

La donation semblait donc la meilleure solution. Mais qui serait intéresser par une collection appartenant à un genre si spécifique ?

Farenheit 451

Remontons le temps : nous sommes fin décembre 2012, et la fin du monde n’a pas eu lieu, et ma bibliothèque est toujours là. La première piste que j’explore est Oxfam, qui a deux magasins de livres à Bruxelles.

Je vais à celui d’Ixelles : “15.000 titres en rayon” annonce leur dépliant. Et c’est vrai qu’il est bien rempli, ce magasin : comment pourraient-ils reprendre tous mes livres ? J’en parle avec un responsable que j’ai trouvé dans un stock (débordant lui aussi) : oui, ils savent prendre tous mes livres, car ils dispatchent dans différentes centrales. Certains livres iront en rayons, d’autres en brocante, et les invendables… à l’incinération, pour laquelle Oxfam touche des subsides de Bruxelles. Et ils peuvent venir les chercher en camionnette, du moment que je fasse les cartons.

Je ressors du magasin : voilà une première piste intéressante… Mais d’autres associations seraient-elles intéressées ?

Les africains rêvent-ils de moutons électriques ?

Je fais des recherches sur le web mais ne trouve rien de convainquant au niveau de la Belgique. C’est triste à dire, car pour Paris on trouve par exemple cette page, listant les associations à qui vos livres feraient plaisir.

En fait, je trouve surtout des sites invitant à donner ses livres pour l’Afrique. Premier critère pour les romans : pas plus vieux de 10 ans, ce qui disqualifie les trois quarts de ma collection (quoique, les histoires se passant dans le futur !). Mais cela dit, franchement, je ne vois pas les africains se passionner pour cette littérature, que d’aucuns disent typiquement occidentale !

Alors, ais-je déjà fait le tour de la question ?

La bibliothèque est une idée

J’en parle autour de moi, et on me dit d’aller à la bibliothèque du quartier : une évidence qui m’avait échappée ! Ou plutôt que je ne voulais pas voir : je voyais mes livres partir pour une “bonne cause”, pas pour une institution subsidiée ! Et pourtant…

Je me présente donc à celle de Jette, et sort tout mon baratin : « Tous en excellent état, des classiques comme des récents, des cycles complets, etc.  » (je sais vendre ce que je veux donner !) Et là, grosse déception (mais ce n’est que le début de l’histoire) : la bibliothèque manque de place car elle vient de fusionner. Et tous les livres de la “paralittérature” sont partis à… Chaudfontaine, spécialisée dans l’imaginaire, et probablement la seule bibliothèque qui acceptera ma donation !

Je ressors de là, particulièrement refroidi, et pas uniquement à cause de la neige !

Deux semaines de réflexion passent…

Le monde des Non-Ja

… et me décident à contacter toutes les bibliothèques de Bruxelles : plus d’une cinquantaine d’emails partent…

Et dans les minutes qui suivent, je reçois un coup de téléphone d’une responsable enthousiaste (c’est Gisèle, je le précise pour la conclusion), en même temps qu’un email positif d’une autre.

En fait, dans les trois jours, ce sont une douzaine de réponses qui arrivent, à diviser en deux groupes : le premier pour accueillir ma bibliothèque, et le deuxième pour me dire… que je ne trouverai pas de bibliothèque intéressée et que je dois m’adresser à celle de Chaudfontaine !

Et comble, je reçois encore deux réponses de Jette : c’est d’abord non, puis c’est oui ! Mais il est trop tard, je me suis engagé auprès de deux bibliothèques du centre de Bruxelles.

Et je ne serai pas déçu par ce choix…

La bibliothèque qui rétrécit

Je ne m’en étais pas rendu compte, mais parce que justement la SF est une littérature pas très populaire (du moins en pays francophones), les bibliothèques n’y investissent pas beaucoup d’argent, et ne savent pas quoi acheter. Alors quand quelqu’un propose une collection complète, c’est une aubaine pour celles qui ont de la place.

Et ça l’est encore plus pour des bibliothèques manquant de renouvellement, comme ça semble le cas de celle où j’ai déposé mes caisses.

Alors qu’au début je voulais ignorer ces institutions, je suis finalement convaincu que c’est la meilleure place pour donner une seconde vie à ma collection. En fait, c’est Gisèle qui a trouvé les arguments : il n’y a pas meilleure endroit qu’une bibliothèque pour qu’un livre profite à un maximum de gens.

Que dire de plus ? Moi, ça me suffit pour contempler avec fierté ma bibliothèque… vide !

Du haut de mes étagères vides, Mobilou me regarde...
Et maintenant ?…

Vos livres...

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Économie du bonheur

Comment trouver son bonheur ? Suis-je dans le bon pays pour être heureux ? Un petit livre blanc m’apporte quelques réponses…

Pas de sondage après le match

Mobilou a le sourire
Mobilou a le sourire

Lucie Davoine s’est faite une spécialité d’étudier la satisfaction du travail et ce qui fait le bonheur dans notre société. Son petit livre, “Économie du bonheur”, nous dresse un état des lieux de cette discipline récente, qui souffre encore d’une méthodologie floue, car, je vous pose la question : comment mesurer le bonheur ?

Pour l’évaluer, il faut poser les bonnes questions, dans le bon ordre… et au bon moment : ainsi, si votre équipe de foot vient de gagner, on attendra que votre euphorie retombe avant de vous sonder !

Les économistes du bonheur essaient dès lors de travailler sur des sondages aux époques, échantillons et lieux divers, dont le but n’était pas forcément de mesurer le bonheur. L’auteure en donne une liste, voici quelques exemples : le Gallup World Poll (1.000 adultes interrogés dans près de 150 pays), l’Eurobaromètre (sondage tous les 6 mois depuis 1974), le Panel communautaire des ménages (satisfaction des ménages de 1994 à 2001).

La croissance ne fait pas le bonheur

Mais pourquoi mesurer le bonheur ?

Les cercles de décisions s’intéressent de plus en plus à l’économie du bonheur, pour les quatre points suivants (p. 91) :

  1. la croissance n’est pas un motif suffisant au bien-être des gens ;
  2. on en tire un nouvel indicateur de richesse ;
  3. elle peut aider en cas d’arbitrage politique ;
  4. elle encourage une vraie politique pour la santé mentale.

Et oui, il est temps de trouver d’autres indicateurs que le PIB, car une des premières conclusions de ces recherches est que la croissance ne fait pas systématiquement le bonheur : “la croissance économique des dernières décennies a largement profité aux plus riches, et beaucoup moins aux classes moyennes et aux plus pauvres” (p. 37).

De plus l’évolution de notre de mode de vie est fortement critiquable : consumérisme, individualisme, dégradation du lien social, familles brisées et perte de confiance sont les maux de nos sociétés contemporaines. Il est temps de mettre en place une politique du bonheur…

Être une femme de 65 ans et travailler dans l’industrie de sexe : le bonheur total !

Mais qu’est-ce qui nous rend heureux ?

Ah là, le sujet est vaste et complexe, alors je ne vous délivre ici que quelques conclusions, et vous laisse à le lecture du livre pour les explications…

  • L’argent contribue en partie seulement au bonheur.
  • On atteint le plus haut taux de satisfaction… entre 65 et 70 ans !
  • Les femmes se disent plus satisfaites que les hommes dans de nombreux pays.
  • Les chômeurs sont plus malheureux que les travailleurs.
  • Les relations sexuelles contribuent le plus au bonheur.

En attendant l’âge de la sagesse, il existe deux règles pour être heureux (psychologie positive de Martin Seligman) :

  1. Les personnes plus généreuses, plus attentives aux autres sont plus heureuses et rendent les autres plus heureux.” (p. 88)
  2. Il est bon de se comparer, de se fixer des objectif ambitieux, mais ces derniers doivent rester atteignables ! »

Le bonheur est dans le pray

La question qui se pose maintenant est : un gouvernement peut-il prendre des mesures pour rendre les gens plus heureux ? Eh bien oui car “L’économie du bonheur démontre que les comportements individuels ne débouchent pas sur le bien-être collectif optimal.” (p. 102)

Mais n’allez pas croire que cela passe par un renforcement de la sécurité sociale : “Il semble que les gouvernements européens pourraient obtenir un niveau de bien-être plus élevé en dépensant moins pour la protection sociale et plus pour l’éducation.” (p. 81)

Par contre, la liberté et la foi semblent deux valeurs sûres au niveau national : on constate en effet que le haut du classement des pays les plus heureux est occupé par des pays riches et démocratiques… et des pays d’Amérique latine, marqués par une forte croyance religieuse !

Mon oncle de Belgique

Revenons aux chiffres, avec un indicateur déjà répandu, qui donne des indications pour améliorer le niveau de vie : c’est l’IDH (Indice du Développement Humain), mis en place par les Nations Unies. Il se base sur des données clairement quantifiables : l’espérance de vie, le niveau d’éducation, le niveau de vie.

Cet indicateur est donné dans Wikipedia pour chaque pays, pour la Belgique il est de 0,886 (très élevé), ce qui la place en 18ème position. C’est pas mal, mais nous avons vu dans un article précédent que notre pays est en 6ème position mondiale en ce qui concerne l’impact écologique : c’est le prix de notre niveau de vie, donc de notre bonheur !

Même si l’IDH n’est pas vraiment une mesure du bonheur, il colle assez bien au sondage Gallup (le bonheur à travers le monde, pages 24-27), qui place notre pays en 16ème position, avec 56 % de personnes satisfaites ou optimistes.

Alors, à ceux qui disent “quel pays de m…” suivi d’un “dès que je peux je vais aux States”, sachez que vous arriverez dans un pays qui ne se classe que deux places au-dessus ! Et pour qu’ils prennent conscience de leur bonheur, je les enverrais au Togo : dernier de la liste avec… 1 % de personnes satisfaites !

© L'Internaute Magazine / Kevin Ravi
© L’Internaute Magazine / Kevin Ravi

2ème tentative plus concluante

J’avais déjà approché la science du bonheur avec le livre “L’idée même de la richesse », assez ennuyant. Avec “Économie du bonheur” on est plus dans le concret. L’ouvrage est bien structuré, condensé, résumant les études existantes : ce n’est pas forcément la forme documentaire la plus agréable à lire, c’est très clinique, mais bon, les enseignements sont nombreux, cela fait déjà… mon bonheur !

“Économie du bonheur”, Lucie Davoine, 126 pages, éditions La Découverte.

(Faites le petit test du chercheur en psychologie Ed Diener, pour ensuite répondre au sondage ci-dessous)

Faites le test de Ed Diener (5 questions) et donnez votre résultat

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