Archives de catégorie : Lecture

Mes lectures aident à me forger une opinion, et m’inspirent certaines réflexions.

Les intellectuels faussaires

Dans les médias, on donne volontiers la parole à des personnalités qui parlent bien, qui sont dans l’émotionnel : cela ne contribue pas forcément à une information de qualité, que du contraire…

Intellectuels blabla

Pascal Boniface est un géopolitique français, directeur de l’IRIS (Institut des Relations internationales et stratégiques), auteur de plusieurs dizaines d’ouvrages dont “50 idées reçues sur l’état du monde”, lu il y a peu et dans lequel je reconnaissais un discours assez réfléchi sur certains problèmes actuels.

Dans ce livre-ci, il continue sa bataille contre la désinformation, en critiquant certains intellectuels qui défendent des points de vue ou des causes, plus guidés par des objectifs personnels que par le soucis d’une information éclairée et d’un débat d’idées. On est en effet loin des penseurs qui ont donné à la France sa réputation de patrie des intellectuels : “Les géants comme Aron ou Sartre, lorsqu’ils s’engageaient dans le début public, le faisait à partir d’une œuvre conséquente.” (p. 23)

Mobilou s'abrite : une tarte pourrait bien voler !
Mobilou s’abrite : une tarte pourrait bien voler !

Comme la spécialité de l’auteur est la géopolitique, et que dans ce domaine les sujets qui fâchent portent souvent sur le conflit Israélo-Palestinien, son livre est très ciblé, et n’a que peu d’intérêt si on n’est pas intéressé par le conflit susmentionné, ou si on ne suit pas l’actualité française.

Quoique, on a bien parlé chez nous d’une ces personnalités : je vous dis “Burka blabla” et je vous laisse deviner de qui il s’agit dans les cinq portraits qui suivent…

Liste noire

Bon, soyons concrets : qui sont ces faussaires, qu’on laisse parler, et surtout qu’on écoute encore, malgré quelques faux pas ? L’auteur en dénonce huit (en huit chapitres dont j’ai repris le titre) mais je ne vous en présente que cinq, avec leurs photos (je vous gâte, car moi je ne les avais pas !). Les trois qui restent, Thérèse Delpech, Frédéric Encel et François Heisbourg, m’ont lassé…

Les merveilleuses histoires de l’oncle Alexandre

Alexandre AdlerAlexandre Adler est historien et journaliste français : “L’ami Alexandre a un formidable talent pour parler sans notes et évoquer savamment tous les sujets internationaux.” (p. 81). Son livre “J’ai vu finir le monde ancien” est un best-seller qui remporte un prix en 2003 : il y prévoit beaucoup de choses qui n’ont jamais eu lieu depuis lors, et invente un lien entre Ben Laden et Saddam Hussein…

Sérial-menteuse

Caroline FourestCaroline Fourest a la grande force d’ “enfourcher des chevaux de bataille largement majoritaires dans l’opinion et plus encore parmi les élites médiatiques.” (p. 93). L’auteur lui reproche beaucoup d’approximations et de raccourcis, ainsi que d’être adepte du “qui n’est pas contre lui est donc avec lui” ! Son vocabulaire, fourni en “inquiétant”, “sinistre”, “terrifiant” et “à glacer le sang”, vise bien à faire trembler dans les chaumières…

Pourfendeur utile de l’islamisme

Mohamed SifaouiMohamed Sifaoui est l’arabe exemplaire à inviter sur les plateaux car il est pro-israélien et pourfendeur de l’islamisme, qu’il connait de l’intérieur. Le problème, c’est que ce journaliste fait des reportages comme “J’ai infiltré une cellule islamiste” , où il aurait fait mieux que le Service des renseignements français : infiltrer une cellule d’Al-Qaïda ! Accusé de mise en scène, ça ne l’empêchera pas de recevoir le 1er prix du scoop et du journalisme d’Angers !

L’inquisiteur

Philippe ValPhilippe Val est un “inquisiteur qui veut excommunier et pourchasser les mécréants qui ne partagent pas ses idées, ou pire encore qui ont osé exprimer publiquement un désaccord avec le dogme qu’il défend.” (p. 151) À la mauvaise surprise de la profession, il est parvenu jusqu’au poste de directeur de France Inter, jalonnant son parcours des démissions et licenciements de ceux qui ont osé s’opposer à ses idées.

Le seigneur et maître des faussaires

Bernard Henry LevyBernard Henry Levyest certainement le modèle même du faussaire, le maître absolu, le mètre étalon.” (p. 167) Grand ami des hommes du pouvoir et des industriels français qui ont la main sur la presse et l’édition, plus d’un s’est brûlé les ailes en critiquant le personnage. BHL a beau cumuler les approximations, affirmations mensongères et contrevérités, la majorité des journalistes le suivent, et c’est cela qui inquiète l’auteur.

Plus de 130 livres

Je respecte Pascal Boniface et j’apprécie son jugement qui me semble plus objectif et moins émotionnel ou intéressé que ceux qu’il dénonce… Mais je ne vous cacherai pas ma déception : avec comme sous-titre “Le triomphe médiatique des experts en mensonge”, je m’attendais à une plongée dans les fausses études, les pseudos scientifiques payés par l’industrie, les économistes qui sont toujours là malgré leurs erreurs…

Au lieu de cela on a un livre très franco-français, au titre un peu… “faussaire”, pour ne pas dire racoleur ! Quels enseignements en tirer ?

En fait, il m’a conforté dans l’idée que beaucoup d’intellectuels de notre temps s’expriment plus avec leurs tripes qu’avec sagesse : l’exposition médiatique y est pour beaucoup. Ces huit “faussaires” totalisent plus de 130 publications, dont beaucoup de best-sellers, ainsi que de prix remportés : ils sont peut-être plus passionnants à lire que des auteurs moins médiatisés (ceci expliquant cela), mais n’est-ce pas de la littérature “toxique” ?

En attendant, j’ai “American Vertigo” qui prend la poussière dans ma bibliothèque : cela fait des mois que j’hésite à le commencer. Mais maintenant c’est sûr, je ne le lirai pas. Car il est signé d’un certain BHL…

“Les intellectuels faussaires”, par Pascal Boniface, 231 pages, Pocket.

Bernard-Henry Lévy est recordman du monde de l'entartage...

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Misère de la pensée économique

Non, décidément, la science économique n’est pas une science exacte. C’est même une imposture ! Et un homme est bien placé pour nous l’expliquer…

Inside job

Greenspan s'excuse : il n'a pas lu "Misère de la pensée économique"
Greenspan s’excuse : il n’a pas lu “Misère de la pensée économique”

Quand on connait le parcours de Paul Jorion, on se dit qu’il serait difficile de trouver un auteur mieux placé pour nous parler de la société libérale et de ce qui ne tourne pas rond. Jugez plutôt : au départ anthropologue, chercheur en sciences sociales, mais aussi mathématicien, il a enseigné dans les universités de Bruxelles (il est bruxellois), de Paris… de Cambridge et de Californie. Il fut fonctionnaire aux Nations Unies, et j’arrête là le parcours pour directement sauter à sa carrière financière : à partir de 1998, après avoir été trader, il devient expert en formation des prix, et se fait engager dans quelques grosses banques américaines, celles-là même occupées à faire gonfler la bulle des subprimes !

Autant dire que la crise, il la voyait arriver, et il n’a pas manqué de l’annoncer au travers de quelques livres (sa hiérarchie faisant la sourde oreille), dont le plus remarquable fut « Vers la crise du capitalisme américain », qui a mis quatre ans pour trouver un éditeur, et qui sortit… quelques semaines avant la crise de 2008 !

Voici quelques échantillons tirés des “Misères…” de Jorion, et j’ai dû me freiner pour ne pas y ajouter mon propre sarcasme…

Il y a de l’eau dans le gaz

L’économie politique aurait dû guider notre monde, mais voilà, ça ne va pas vraiment dans le sens du libéralisme pur jus. Alors, quand les physiciens sont venus à l’économie avec leurs formules sous le bras, le facteur humain est passé à la trappe, et elle est devenue une science qui serait “exacte”. Au point d’en recevoir des prix Nobel qui n’en sont pas réellement : Alfred doit se retourner sans sa tombe !

Par exemple, il existe le modèle Black & Scholes, inspiré d’une théorie sur la diffusion des gaz. Ce modèle financier est une référence : enseigné dans toutes les universités, utilisé dans les banques comme dans les salles de marché. Et pourtant, il ne correspond pas à la réalité, il est faux. Mais il fonctionne quand-même… tant que la finance se porte bien… et que tout le monde l’utilise !

Voilà donc un bel aveuglement de la finance : le monde économique s’accommode de modèles approximatifs car, comme tout le monde les utilise, on ne prend pas moins de risque que son voisin. Mais quand la machine s’emballe, tout s’écroule comme un château de cartes. Et aucun économiste ne voit rien venir !

Pour autant, il ne faut surtout pas réglementer, au contraire…

Un monde sans l’article 421

La finance actuelle est une magnifique machine à concentrer la richesse. Et l’informatique dans les places boursières n’y est pas pour rien : il permet de générer des bénéfices sur la spéculation, et ces gains sont ponctionnés sur la véritable économie, celle qui nous fait vivre. Au final c’est le travailleur qui perd, avec une baisse du pouvoir d’achat, donc une diminution de la consommation, donc des industries qui diminuent sous peine de surproduction : c’est l’économie qui se grippe !

Or, sachez qu’au XIXème siècle existait l’article 421 du Code pénal français, interdisant de parier sur les prix à la baisse ou à la hausse. Mais sous la pression du milieu des affaires, “le législateur a fini par plier, les conséquences en sont devenues visibles tout au long du XXe siècle, et nous sommes aujourd’hui les victimes des ultimes aboutissements de cette autorisation donnée à la spéculation.” (p. 90)

Pour autant (bis), il ne faut surtout pas réglementer, au contraire…

La main invisible fait faux bond

C’est la théorie de la “main invisible” qu’avancent nos économistes pour justifier la totale liberté des marchés, sans intervention de l’État, “évoquant l’idée que des actions guidées uniquement par l’intérêt personnel de chacun peuvent contribuer à la richesse et au bien-être de tous” (Wikipedia). Appliqué à l’économie précisément, il existerait donc “une main invisible guidant l’économie vers le plus grand bien-être de la communauté dans son ensemble, et ce en dépit des comportements égoïstes des hommes et des femmes dont les agissements combinés constituent l’activité économique” (p. 161).

L’idée est d’Adam Smith, exposé dans son livre “La richesse des nations”, en 1776. Enfin, disons qu’il en a parlé trois fois dans une œuvre dont ce n’est pas le thème principal, que ce concept est sujet à interprétation, et que notre philosophe Écossais est devenu bien malgré lui le père d’un fondement économique… qui fait faux bond ! Car en 2008, les comportements égoïstes ne se sont pas neutralisés, mais se sont cumulés, entraînant la chute du système. Dans la crise des subprimes, la cupidité des dirigeants de banques comme Goldman Sachs les a entraîné à parier sur l’effondrement du système, un comportement hautement condamnable, contre lequel la main invisible ne sait rien faire…

Et c’est ainsi qu’on a vu Alan Greenspan, grand timonier de la dé-régularisation, répondre d’un air penaud devant la Commission du Congrès Américain en 2010 : ” J’ai dû constater une erreur dans le modèle qui me semblait être le schéma fonctionnel essentiel définissant la manière dont opère le monde.

Arrêter la concentration

Le titre du livre de Paul Jorion aurait pu faire croire à un pamphlet, mais sa connaissance du milieu, son bagage multidisciplinaire et son esprit cartésien nous obligent à le prendre au sérieux, et à déconsidérer la science économique. Son livre est dense, mélange aussi bien les mésaventures de l’économie que les expériences personnelles, et explique les grandes théories (pas toujours faciles à comprendre) : la formation des prix, la valeur, la propriété privée, la dette, la rente, etc. Sans oublier une pincée de philosophie, bien nécessaire pour prendre un peu de hauteur et songer à notre avenir.

L’auteur termine en proposant des réformes qui devraient arrêter la concentration des richesses – car finalement, voilà bien le principal mal de toute cette machine économique. Je vous en livre quelques-unes :

  • Valoriser les salaires plutôt que de favoriser l’accès au crédit.
  • Interdire la spéculation.
  • Interdire la communication avec les paradis fiscaux.
  • Établir les cours en bourse par fixing journalier (le cours ne peut varier qu’une fois par jour).
  • Définir l’actionnaire d’une société comme créancier et non comme propriétaire.

Voilà qui me paraît plein de bons sens…

“Misère de la pensée économique” par Paul Jorion, 213 pages, Fayard

Cette science économique, c'est une misère, mais on peut aussi en rire !
Cette science économique, c’est une misère, mais on peut aussi en rire !

(en économie) "le capitalisme est présenté comme le couronnement de la culture produite par la créature parfaite qu’est l’homme, grâce à la plus admirable de ses qualités : la raison." (p. 121)

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Les guerres de l’eau

Beaucoup d’analystes le disent : l’eau sera l’enjeu du XXIème siècle. Pourrait-il y avoir des guerres pour cette ressource ? En fait, ça chauffe déjà bien dans certains coins de la planète…

Ça bouillonne ferme

(c) Adam Nieman
© Adam Nieman

De toute l’eau de la terre, l’homme ne sait utiliser que 0,02 % : on parle d’eau douce, dans nos rivières et nos nappes phréatiques. Cela vous semble peu ? Eh bien cela fait malgré tout 6.900 m3 par personne et par an ! Voilà pour la bonne nouvelle.

Et maintenant la mauvaise : cette eau n’est pas correctement répartie, dans l’espace… comme dans le temps. Par exemple, les crues n’arrivent pas toujours au bon moment, d’où l’utilisation de barrages, qui peuvent désavantager des pays en aval, créant un conflit entre voisins.

Ce genre de problème, c’est justement l’objet du livre de Frédéric Lasserre, directeur de l’observatoire de recherches internationales sur l’eau de l’université de Laval au Québec : si nous n’en sommes pas encore à des “guerres” de l’eau, la géopolitique bouillonne déjà sur cette ressource. Et, pression démographique et réchauffement planétaire aidant, ce n’est pas prêt de s’améliorer !

Là où ça chauffe

Si en Europe l’or bleu ne nous donne pas trop de soucis, ce n’est pas le cas du reste du monde. Voici les points chauds expliqués par notre géopoliticien de l’eau :

  • Israël doit partager le Jourdain avec la Jordanie, tandis que la Syrie aimerait récupérer le plateau du Golan.
  • La Syrie, l’Irak et la Turquie se disputent le Tigre et l’Euphrate.
  • L’Égypte se montre agressive vis-à-vis des pays en amont du Nil (Soudan, Éthiopie, Ouganda, Kenya…) qui aimeraient toucher aux affluents. “Le seul facteur qui pourrait déclencher l’entrée en guerre de l’Egypte est l’eau.” (Sadate en 1979)
  • Les Etats-Unis, en particulier l’Ouest américain, mènent un train de vie qui surexploite leurs réserves en eau. Des conflits existent localement, et le pays aimerait acheter de l’eau au Canada.
  • L’Inde et le Pakistan construisent des barrages pour irriguer les terres à partir de l’Indus. Le problème est qu’ils ne sont jamais d’accord sur les installations de l’un ou l’autre, et l’ONU ou la Banque Mondiale doivent intervenir avec des traités.
  • Qui plus est, en Inde, deux états se disputent le fleuve Cauvery : le Tamil Nadu et le Karnataka. Depuis l’époque coloniale, chacun se croit dans son droit, et arbitrages et procès ne mènent à rien.
Source : F. Lasserre, L’eau, enjeu mondial. Géopolitique des ressources en eau, Le Serpent à Plumes, Paris, 2003, p.77
© F. Lasserre

L’agriculture a soif

A travers le monde, l’agriculture absorbe plus de 70 % de toute l’eau mobilisée pour satisfaire les besoins des sociétés humaines.” (p. 57)

Contrairement à une idée reçue, ce n’est donc pas l’industrie qui en consomme le plus, car celle-ci fait surtout un prélèvement : l’eau utilisée est évacuée – hélas avec une certaine pollution, ce qui n’arrange pas nos affaires, concédons-le !

Comme l’agriculture ne représente plus qu’un faible pourcentage du PIB dans la plupart des pays, c’est bien sur ce secteur que les efforts doivent être consentis. Un exercice périlleux alors que la pression démographique pousse à augmenter les rendements, ce qui implique souvent une irrigation massive, et donc un épuisement des nappes phréatiques et rivières.

Certes des solutions techniques existent, comme le goutte-à-goutte, mais elle est chère pour les pays en voie de développement.

Voies d’eau

Contrairement à d’autres matières premières ou l’énergie, l’eau ne se transporte guère : les conflits hydriques sont donc de nature régionale, et des décisions à l’échelle mondiales sont difficiles.

De plus, la dynamique de l’eau est compliquée car sa valeur marchande est faible, voire considérée comme un bien légitime pour l’humanité, au même titre que l’air. Cela a conduit à un certain gaspillage : par exemple des vieilles canalisations qui fuient, ou des cultures inappropriées au climat.

Alors, avec tout ça, comment pourrait-on améliorer les choses ? L’auteur donne quelques voies, comme :

  • Favoriser l’essor de l’agriculture dans les pays en développement, plutôt que de faire jouer la mondialisation, qui donne une concurrence déloyale : car ce n’est qu’en augmentant la rentabilité des cultures qu’une irrigation plus efficace peut être financée.
  • Ne plus associer l’agriculture à la prise de possession des territoires.
  • Arrêter la construction des grands barrages, qui provoquent trop de réaménagements du territoire.
  • Ne plus entreprendre des installations de ponction ou de détournement des sources, sans en discuter au préalable avec les pays voisins.
  • Abandonner les législations locales au profit d’un droit international, qui se met en place depuis 1997.

Guerre et imposture

Frédéric Lasserre semble bien connaître sa matière, et son livre donne un beau panorama de la problématique de l’eau. Même s’il est focalisé sur la géopolitique – ce qui donne, en ce qui me concerne, quelques paragraphes un peu rudes à lire – tous les paramètres sont expliqués, et la vision est assez différente de celle donnée par Eric Orsenna avec son livre “L’avenir de l’eau”, plus complaisant.

Les militaires devront-ils se mouiller ?
Les militaires devront-ils se mouiller ?

Mais ce livre n’a pas encore contenté ma… soif dans ce domaine. Car il étonnant de trouver des gens pour écrire que le manque d’eau est une imposture !

Affaire à suivre donc…

“Les guerres de l’eau” (259 pages), Frédéric Lasserre, éditions Delavilla

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