Archives de catégorie : Lecture

Mes lectures aident à me forger une opinion, et m’inspirent certaines réflexions.

Mobilou prie sur le livre "Les nouveaux maître du monde"

Les nouveaux maîtres du monde : quand le ruissellement ne fonctionne plus

Un État qui ne donne pas à ses citoyens un sentiment de sécurité, ne leur assure pas un minimum de stabilité sociale et de revenu, un avenir prévisible, et ne garantit pas un ordre public en conformité avec leurs convictions morales est un État condamné.” (p.125)

Voilà la phrase que je choisis pour introduire cet article consacré au livre “Les nouveaux maîtres du monde”, écrit par Jean Ziegler. Un titre qui le rangerait entre un “Ils n’ont jamais marché sur la lune” et un “Le grand complot du 11 septembre” (titres imaginaires afin de ne pas porter de jugement sur des livres que je n’aurais pas lus !). Mais il n’en est rien : mr Ziegler est rapporteur spécial des Nations Unies, il côtoie les gens qui dirigent notre monde… et il est suisse ! Il est “dans la place”, comme on dit !

Alors pourquoi cette première phrase sur l’état ? Parce que l’Etat… est en mauvais état ! : dans n’importe quel pays, y compris sur le vieux continent, il se désagrège sous l’emprise des oligarchies, des grandes puissances financières, des “gigantesques personnes immortelles”. Avec un grand levier pour le mettre à genoux : la dette ! Et des institutions pour donner “force de loi” : l’OMC, la Banque Mondiale, le FMI, regroupées sous le chapitre “Les mercenaires”.

Privatisations et accès aux ressources, voilà donc les seules mesures que ces honorables institutions dictent aux pays dans le besoin : ouvrer les portes à la libre entreprise, privatisez-moi toutes ces institutions (celles qui peuvent engendrer des bénéfices – les autres gardez-les, merci bien). Pourquoi l’état doit-il encore exister, finalement ? Eh bien parce que… revenez sur ma première phrase !…

En conséquence, les pays s’appauvrissent… tandis que la richesse s’accumule dans un capital financier “affranchi des pesanteurs du temps et de l’espace” (p.136). Voici un hold-up planétaire pour lequel nous ne pourrons pas faire un “procès de Nuremberg” car les coupables n’ont pas de visage. Le butin est converti en produits financiers de plus en plus complexes, sur lesquels aucune nation, aucune institution n’a le contrôle. On sait juste qu’il s’amoncèle dans des paradis fiscaux, la Suisse en tête : les habitants les mieux salariés du monde, 15 fois plus que dans les pays les plus pauvres (ce chiffre ne vous paraît pas énorme ? Mais je vous parle de salaire moyen, pas de l’écart entre riches et pauvres !).

Pourtant à force d’accumuler de l’argent, ça devrait déborder sur ceux d’en dessous : c’est le trickle down effect (l’effet de ruissellement)… Car voilà bien l’argument marteau pour défendre le libéralisme et la croissance ! Mais si cela marchait au temps des pharaons, aujourd’hui “L’argent produit de l’argent. L’argent est un moyen de domination et de pouvoir.” (p. 89). Il n’y a plus de trop plein : il n’y en a jamais assez ! Et de plus l’argent n’est plus utilisé dans sa fonction première : “Sur 1000 milliards échangés sur une journée en 2001, 13 % seulement a servi au règlement d’une dette commerciale, le reste relevant de la pure transaction, sans valeur ajoutée” (p. 140). Et voilà comment ces sommes ont un effet décuplé sur notre économie !

Jean Ziegler a écrit ce livre en 2002 : le dernier chapitre est consacré à la lutte (d’où le sous-titre du livre, écrit en tout petit : “Et ceux qui leur résistent”). 10 ans plus tard, la dette des pays n’a jamais été autant d’actualité, et les révolutions sont à la une…

J’ai forcé le trait dans cet article, mes pensées se sont mélangées à celles de Mr Ziegler, mais ce livre n’a fait que renforcer mes convictions : nous sommes à la merci des oligarchies financières, et celles-ci n’ont pas l’humanisme dans leurs gènes. Peut-on résister à l’empire du fric et donner un autre sens à notre argent ? Je le crois, je l’espère… et j’en reparlerai bientôt…

“Les nouveaux maîtres du monde”, Jean Ziegler, Points (362 pages).

Mobilou prie sur le livre "Les nouveaux maître du monde"
“Dieu n’a pas d’autres mains que les nôtres”. Eh bien il ne reste plus que des extra-terrestres pour nous sauver !

Le libéralisme écononique...

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Mobilou lit "80 hommes pour changer le monde"

80 hommes pour changer le monde

 

Mobilou lit "80 hommes pour changer le monde"
Mobilou lit “80 hommes pour changer le monde”

Voilà le livre qui a grandement motivé l’idée de faire ce blog ! Car à défaut d’avoir beaucoup de lecteurs, un blog a l’avantage d’augmenter le référencement de ce dont on parle, et c’est une manière de donner un coup de pouce à ce que l’on aime.

Et le livre “80 hommes pour changer le monde”, je l’aime vraiment bien.

On le doit à deux journalistes en herbe, Sylvain Darnil et Mathieu Le Roux, qui ont fait le tour du monde à la recherche des hommes qui entreprennent pour une meilleure société, planète viable. Un livre bonheur, qui m’a permis de prendre une bonne bouffée d’air avant de replonger dans la noirceur de mes autres lectures, qui a reçu les prix Rotary du livre et d’entreprise et Prix littéraire des Droits de l’Homme.

L’ouvrage reprend en une grosse trentaine de paragraphes autant d’hommes et de femmes (oui, les 80 personnes rencontrées ne sont pas tous repris) ayant œuvré dans le social, la récupération, l’agriculture, le bio-dégradable, le médical, et j’en passe… Je pioche au hasard : Waste Concern (Bangladesh) crée de l’emploi et un circuit écologique avec les déchets, Peter Koppert crée des pesticides naturelles, Garth Japhet (Afrique du Sud) fait passer des messages de santé publique au travers de feuilletons télévisés, American Apparel vend des vêtements exclusivement confectionnés aux Etats Unis, en respectant le confort des travailleurs.

Le livre est passionnant car il mélange l’histoire de chaque entrepreneur en même temps que celle de nos deux journalistes : la rencontre de ces personnages est parfois folklorique, et leur tour du globe à petit moyen n’est pas sans embûche.

Livre trop vite terminé, il se prolonge par le site www.80hommes.com, mais hélas un peu vieux. Une actualisation ou une suite du livre serait plus intéressant : 7 ans ont passés, et c’est long dans le domaine qui nous intéresse…

“80 hommes pour changer le monde”, Livre de Poche, 318 pages.

Ce livre montre que des entreprises éthiques, ne cherchant pas le maximum de profit, peuvent fonctionner

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Paul lit "Faire des enfants tue... la planète"

Faire des enfants tue… la planète !

Paul lit "Faire des enfants tue... la planète"
Paul lit “Faire des enfants tue… la planète”

Voilà un titre provocateur qui ne manquera pas de susciter des débats !

Car s’il est bien un sujet tabou, c’est celui du droit d’avoir un enfant : sujet tellement dangereux qu’aucun homme de pouvoir ne peut remettre en question, voire poser la question : “Face au désastre écologique qui s’annonce, peut-on continuer à procréer comme si de rien n’était ?”.

Michel Tarrier, lui, n’a pas peur d’en parler, de taper sur le clou, et ça fait mal : “Posséder une famille nombreuse est un délit environnemental, une grave atteinte à la Planète et à l’avenir commun” (p. 26), “La bombe démographique est pour la biosphère la pire arme de dissuasion massive” (p.23).

L’homme en prend pour son grade : remarquez que j’y met un petit h, car le mâle humain est pointé du doigt, avec son besoin de reproduction sans contrôle, conforté par le sexisme religieux, établissant sa dictature masculine.

Dans son “petit pamphlet antinataliste”, l’auteur nous fait le bilan de la situation planétaire : il n’est pas très positif, vous l’avez deviné. Pour lui, “Tout pacte écologique sous-entend l’idée d’un pacte antinataliste” (p.16) : les écologistes ayant plus de 2 enfants sont déjà hors course ! Et ses arguments ne manquent pas pour nous persuader que la planète serait viable pour tout le monde (càd avec les êtres vivants avec lesquels nous le partageons !) si nous n’étions que… 2 milliards. Avant de s’exclamer sur ce chiffre effroyablement petit, ayons à l’esprit qu’il tient compte de la consommation complète d’un être humain, et non de sa seule nourriture. On trouve en effet beaucoup d’informations où notre “profusion” de nourriture pourrait alimenter 7 milliard de personnes, voir plus.

Le sujet est délicat, et tous les aspects du problèmes sont analysés dans les quelques 170 pages de l’ouvrage : l’auteur donne l’impression de ne pas apprécier les enfants, et ses propos pourraient choquer votre fibre parental ! En ce qui me concerne, ne l’ayant pas, j’ai eu beaucoup de plaisir à lire ce livre, qui m’a conforté de l’idée de ne pas avoir de descendance.

En fait, s’il fallait choisir un premier livre par lequel s’engouffrer dans la grande problématique de notre environnement, prenez celui-ci. Car il résume des sujets abordés en détail dans d’autres ouvrages, donne beaucoup de chiffres (dont hélas les sources sont rarement données – gros reproche à faire à l’auteur), et offre un tour d’horizon des situations, décisions, théories, etc. qui touchent notre avenir.

Si on n’est pas d’accord avec l’auteur, il a le mérite de nous inviter à la réflexion : ses idées sont dans un coin de ma tête pour être confrontées à mes autres lectures…

“Faire des enfants tue… la planète” (Michel Tarrier), 174 pages, La Maison d’Edition

Le contrôle des naissances : la meilleure solution pour nos problèmes environnementaux ?

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