ARTE est ma chaîne préférée, mais je dois avouer que leurs films ne sont pas toujours faciles. Et je me demande qui a consacré 43 minutes à regarder (tard) “Petropolis” ? Tourné par Greenpeace Canada, il s’agit de “perspectives aériennes sur les sables bitumineux” de la mine à ciel ouvert d’Alberta. On n’est pas très loin d’un “La Terre vue du Ciel”, mais on n’a pas le sourire enthousiaste de Yann, ni de luxuriants paysages aux couleurs éclatantes : plutôt des images surnaturelles aux formes abstraites qui pourraient être belles si elles ne signifiaient pas la destruction de la forêt boréale qui s’y trouve…
Le film se déroule sans commentaires (juste quelques textes au début). Sur une musique ambiant minimaliste (qui pourrait aussi fonctionner sur des paysages lunaires), nous survolons une plaie ouverte sur la terre : un chantier colossal mis en œuvre pour extraire du bitume brut.
Il s’agit en fait de la deuxième plus grande réserve de pétrole au monde : si toutes les ressources y étaient exploitées, elle atteindrait la taille de l’Angleterre !
Biensûr, étant donné le commanditaire, le film est à charge, mais les images parlent d’elles-mêmes. Vu du ciel, l’enfer s’étend jusqu’à l’horizon. Et pourtant, nous apprenons à la fin du voyage que nous n’avons survolé que 3 % du chantier !
Après ça, nous irons visiter le site officiel de la région d’Alberta, haut lieu du tourisme (pour combien de temps encore ?) : www.oilsands.alberta.ca. On peut y lire tout le bénéfice de cette exploitation : création d’emplois, contribution à l’indépendance énergétique pour le continent, argent injecté dans la préservation de l’environnement et projets de société…
Entre ce site web et le film de Greenpeace, c’est le grand écart. Les points de vue sont opposés, et suivant ses convictions on choisira son camp. Mais beaucoup de voix s’élèvent pour dire que l’exploitation du sable bitumineux est le plus destructeur des procédés d’extraction d’énergie fossile. Même si vous n’êtes pas écologiste, regardez les images, et cette fois dites-vous que l’on paie le prix fort pour faire rouler nos belles voitures !
Quand je vois cette balafre sur la terre, je pense aux Primiens dans l’épopée “L’Étoile de Pandore” de Peter Hamilton : ils arrivent sur une planète pour en extraire toutes les ressources qu’ils ont besoin, sans considération pour les formes de vie s’y trouvant, puis envahissent la planète suivante, laissant derrière eux une boule de boue toxique.
Eh bien il ne faudra pas attendre les Primiens : nous avons déjà commencé le travail…
(Pour ceux qui veulent en savoir plus sur les sables bitumineux d’Alberta, je vous propose cet article dans le blog KKKanada.)