J’ai aimé Las Vegas. Mais je ne l’aime plus : mon cœur bat désormais pour Détroit, Michigan.
Je n’irai plus à Las Vegas
Las Vegas, cité magique, joyau dans le désert, ville du spectacle et de la démesure : je m’y suis marié en 1994, je m’y suis émerveillé, j’y ai touché au rêve américain. Mes sens étaient submergés par ce luna park géant, je me croyais dans un film hollywoodien.
Vingt ans ont passé. Et j’ai changé.
Pas un virage à 180°, non. Mais suffisamment pour ne plus apprécier ce non-sens au milieu du désert.
Car aujourd’hui cette ville me crispe : c’est Zeropolis, comme l’écrit Bruce Bégout. C’est la ville du “n’importe quoi pour n’importe qui” , de la “jouissance immédiate” , du “fun” obligé.
“Tout est là, tout est plat. Aussi épais que les panneaux publicitaires géants qui l’empaquettent de partout, la surchargeant de symboles naïfs et comiques, de messages grossiers et schématiques, Las Vegas est une ville littéralement superficielle.” (p. 20)
Non, je ne reviendrai pas à Vegas. Je n’y verrais que gaspillage, insouciance irresponsable, culte du “chacun pour soi” (ou du “après nous les mouches”). Ce serait un very bad trip sur le Strip !
J’irai à Détroit
Détroit, “Motor City”, comme l’appellent les américains. Ville en déclin, sacrifiée sur l’autel de la mondialisation, mais pas seulement.
On pourrait lui coller l’adage “Les civilisations ne meurent pas assassinées, elles se suicident” (Arnold J. Toynbee) : mauvaise gouvernance, monopole des “Big Tree” et syndicalisme omnipotent comptent parmi les motifs ayant contribué à sa chute.
Détroit a frôlé la faillite. La moitié de ses habitants est partie, et l’autre se débrouille. Des quartiers entiers sont à l’abandon. La nature reprend ses droits sur les vestiges d’une industrie perdue, tandis que les Detroiters cultivent le DIY (“Do It Yourself”) et la solidarité.
Entre déclin de la civilisation et renaissance des valeurs humaines, Détroit me fascine.
Je veux voir Détroit. Je veux vivre Détroit.
Tiens, j’avais aussi gardé cet article de U&R, puis je me suis dit “à quoi bon, je n’irai jamais à Detroit”… Merci de le faire à ma place!