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L’émergence des Créatifs Culturels

Les “Créatifs Culturels” sont en train de changer le monde. En suis-je ? En êtes-vous ? Peut-être…

Vous en êtes peut-être

Les “Créatifs Culturels”, en avez-vous déjà entendu parler ? Moi, je les ai découverts il y a quelques mois à peine, en préparant l’interview de Philippe Patouraux. Et pourtant, ils représenteraient plus du tiers de la population américaine, européenne et japonaise (chiffres disponibles où des enquêtes ont été menées).

Et vous savez quoi ? Certains d’entre vous sont des Créatifs Culturels. Mais vous l’ignorez, et c’est la première caractéristique de cette mouvance : les Créatifs Culturels sont en train de changer le monde, mais ne connaissent pas leur appartenance à un groupe qui va dans le même sens…

Ce groupe en constante croissance Paul H. Ray, sociologue et anthropologue, et Sherry Ruth Anderson, psychiatre, l’ont découvert au terme d’une enquête de 14 ans, menée aux USA jusqu’en 1999. On leur doit ce terme de “Créatif Culturel” (ou “Créateur de culture”), et leur livre “L’émergence des créatifs culturels” est l’aboutissement de cette étude, certes portant sur un seul territoire et datant de presque 15 ans, mais restant l’ouvrage de référence pour identifier ces “acteurs d’un changement de société”.

Mobilou se demande s'il n'est pas trop artificiel pour devenir Créatif Culturel...
Mobilou se demande s’il n’est pas trop artificiel pour devenir Créatif Culturel…

Les créateurs d’une nouvelle culture

“Créatifs Culturels”, ou C.C. pour faire court, mais qu’est-ce donc ?

Les C.C. sont des gens en train de créer une nouvelle culture : une nouvelle manière de vivre avec de nouvelles valeurs, respectant l’environnement, encourageant le développement personnel, ayant une prise de conscience globale de notre monde, favorisant la multiculturalité, aimant les projets communautaires. Ils sont idéalistes, ils veulent être acteur du changement.

Leur philosophie c’est d’aller de l’avant, se tourner vers l’avenir pour adopter de nouvelles valeurs et visions du monde, plutôt que de se retourner vers le passé ou de rester prostré dans le présent.” (p.142)

Nos deux auteurs les présentent comme un troisième groupe émergent, entre les Traditionalistes (ceux qui refusent le progrès et l’évolution de la société car “c’était mieux avant”), et les Modernistes (la majorité, à qui on doit notre société actuelle, avec ses bons et mauvais côtés).

Ils sont nettement plus larges d’esprit que la plupart des Traditionalistes et ils prennent leurs valeurs plus au sérieux que la plupart des Modernistes.” (p.87)

En fait, les C.C. sont les grands bénéficiaires des mouvements sociaux des années 60 et 70 (droits des noirs, féminisme, anti-nucléairs, anti-guerre…), qui ont su changer la société, mais pour lesquels il reste du chemin, principalement dans le domaine environnemental.

Une nouvelle philosophie de vie

Si l’on suit la voie royale du succès, on est sûr d’avoir une ‘bonne’ vie : un diplôme, un emploi, une maison, des voitures, une promotion ou des actions ou les deux, des enfants, leur éducation et leur réussite. Mais tout cela, c’est un plan de carrière, pas un chemin de vie. Le jour où vous réalisez que la voie que vous suivez ne correspond pas du tout à ce que vous avez au fond du cœur, vous avez accompli le premier par pour devenir un Créatif Culturel.” (p .78)

Quand on devient C.C., on ne trouve plus le bonheur dans ce qu’offre notre société moderne. La consommation ou la carrière ne sont plus des motifs de satisfaction, laissant place à l’accomplissement personnel, la recherche d’une certaine sagesse, la spiritualité. Ceci constitue donc l’autre volet important des C.C. : c’est une autre philosophie de vie, qui fait la part belle aux femmes et à leur vision.

200 millions de C.C., et moi et moi ?

N’allez pas croire que les C.C. sont juste des doux rêveurs, héritiers du New Age (étiquette qu’ils ne veulent justement pas) : le livre regorge de témoignages de personnes très entreprenantes, parmi lesquelles on compte des patrons d’entreprise et des scientifiques.

Étant un groupe aux frontières larges, on peut être C.C. sans pour autant adhérer à tous ses principes. Le livre commence par un questionnaire “Êtes-vous un Créatif Culturel ?”, mais hélas, je trouve que sur cette base il suffit d’avoir de bonnes intentions pour être C.C. Or, c’est en lisant les témoignages que l’on comprend que les C.C. émergent de la pensée contestataire par des actes et une implication de tous les jours. “Créatif culturel” est donc une étiquette qui me va, ou à tout le moins mieux que celle d’ “écolo”, qu’on aime me coller, faute de mieux !

Questionnez-vous

Et vous, êtes-vous un Créatif Culturel qui s’ignore ? Je vous invite à répondre au questionnaire “Etes-vous un Créatif Culturel ?”, que j’ai programmé sur base de celui de l’éditeur. Mettez ensuite le résultat dans le sondage ci-dessous.

Si vous en êtes et que c’est une révélation, alors peut-être que le livre de Ray et Anderson vous intéressera. Mais le temps a passé, et les C.C. ont envahi le web : c’est dorénavant là que vous trouverez le plus d’informations.

Pour terminer (cet article, mais pas le sujet !), je passe la parole à Patrick Viveret, philosophe : il explique les Créatifs Culturels dans l’émission “Ce soir, ou jamais”. C’était en 2011, face à Nicolas Hulot, qui pourrait en être un s’il était moins pessimiste…

“L’émergence des Créatifs Culturels”, par Paul H. Ray et Sherry Ruth Anderson, 512 pages, éditions Yves Michel

Etes-vous un Créatif Culturel ? (pour vous aider, faites le test dont le lien est donné plus haut)

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ExtraPaul lit l'enfermement planétaire

L’enfermement planétaire

Bon, je ne vois toujours pas la construction d’un grand vaisseau qui nous ferra quitter cette planète (on a juste une sonde arrivée sur Mars) : il va falloir continuer sur cette terre. Mais sommes-nous capable de gérer notre avenir ?

Le ciel va nous tomber sur la tête

André Lebeau prend de la hauteur par rapport au genre humain (étant scientifique dans le domaine spatial et météorologique, quoi de plus normal ?), et analyse son comportement par rapport aux défis qui l’attendent.

Lebeau se positionne clairement à l’opposé des géographes ayant écrit “Le ciel ne va pas nous tomber sur la tête” : même si, par le passé, Malthus ou Meadows se sont trompés dans leur prévisions alarmistes, c’est une question de temps avant que nous rendions cette terre invivable. Certes, il y a les progrès techniques, grande inconnue dans les modélisations de notre avenir, mais cela n’y changera pas grand-chose.

On ne sera pas muté

L’homme s’est toujours mis en danger, par ses guerres, la création de virus, l’arme nucléaire. Mais ce ne sont que des menaces ponctuelles, ne mettant pas en danger l’humanité. Tout comme les catastrophe naturelles : éruptions volcaniques, tempêtes, tsunamis. 200.000 morts ? La démographie mondiale a été retardée de 1 jour !

Par contre, en impactant sa biosphère, l’homme programme son extinction à petit feu et de manière globale. S’il persévère ainsi, il a deux autres possibilités pour survivre :

  • conquérir d’autres mondes. Mais l’homme n’est même pas capable d’habiter dans les parties inhospitalières de la terre !
  • changer son organisme pour s’adapter aux futures contraintes. Si c’est possible, seule une élite en profitera.

Non, décidément, nous sommes bien condamnés à rester sur cette terre, en l’état. L’auteur analyse alors le fonctionnement de notre société et de nos cultures, car, comme le dit Jarred Diamond (dans son ouvrage “Effondrement”, page 495), “il est douloureusement difficile de décider qu’il faut abandonner certaines de ses valeurs centrales quand elles semblent devenues incompatibles avec la survie” .

Nous avons donc quelques problèmes à résoudre, dont voici les trois principaux…

ExtraPaul lit l'enfermement planétaire
L’enfermement planétaire, est-ce la même chose que la ruine planétaire ?

Tous patriotes : ça ne va pas nous aider !

Maintenant que les frontières sont établies, les pays ne peuvent plus résoudre leur crise en envahissant de nouveaux territoires. Au contraire, ils sont devenus interdépendants entre eux, échangeant nourriture, énergies, matières premières. Quoique le mot “échange” est plutôt gentil : on pourrait aussi parler d’exploitation des pays du tiers-monde par les pays riches.

Mais alors que nous parlons de “mondialisation”, les gens s’identifient toujours à leur nation : l’intérêt de celle-ci prime sur le futur de l’humanité. Et ce n’est pas le pays le plus puissant du monde qui va montrer l’exemple : les Etats-Unis font capoter toute tentative d’une gouvernance mondiale en protégeant son économie, et en imposant un libéralisme qui ne profite pas à tout le monde.

D’ailleurs, finalement, n’est-ce pas ce dernier qui dirige le monde ?

Le libéralisme risque l’enfermement

Promis juré, je ne voulais pas vous en parler, du libéralisme ! Encore lui ! Mais comment le taire, alors que cette économie ne vise que le court-terme ?

Pour Lebeau, voilà bien le dogme qui va nous envoyer droit dans le mur, c’est sûr, c’est juste une question de temps. Hélas, comme “on ne connait aucune alternative à l’économie libérale dont la viabilité soit démontrée” (page 318), la dictature de la croissance risque de continuer, ce qui nous mènera à une crise majeure ! Et qui dit crise, dit révolution. Peut-être un mal nécessaire…

Notons que si le libéralisme permet la libre circulation des capitaux et matières, il ne le permet pas pour les hommes. Si ça ce n’est pas chercher les problèmes…

La liberté risque l’enfermement

Pour l’auteur, le développement de notre société, de nos démocraties, de nos libertés, nous conduisent aussi à l’enfermement planétaire. Car, dans une certaine mesure, dans les pays les plus avancés, nous sommes libres de faire des enfants, libres de consommer et gaspiller ce qu’on veut, et libres de penser que l’humanité n’est pas en danger.

Et le gouvernement ne peut rien nous imposer, sous peine de verser dans la dictature. D’ailleurs il pourrait déjà hériter de cette étiquette en influençant nos comportements par des campagnes d’informations : la comparaison avec la propagande nazie est vite faite.

Dès lors, dans le monde “libre”, on ne peut que miser sur une prise de conscience : elle est en route, les ONG et l’abondance d’informations nous y aident. Cela peut nous conduire à une évolution (contre la révolution, citée plus haut), mais l’issue en est vraiment incertaine…

Du sang, de la sueur et des larmes

Ce livre a l’intérêt de s’inquiéter de notre futur par rapport au comportement de l’homme, et non par rapport à des projections techniques, démographiques, etc. Car comme l’a montré Jarred Diamond (“Effondrement”, cité à maintes reprises dans ce livre), des sociétés se sont déjà effondrées, faute d’avoir pu changer leur mode vie pour s’adapter à un environnement de plus en plus contraignant.

Et l’auteur est clairement dans le camp des pessimistes, car sa projection porte dans un futur indéterminé, au-delà de 2050, année à laquelle s’arrêtent les optimistes.

Laissons donc André Lebeau conclure cet article comme il conclut son livre : “Lorsque la nuit du Nazisme s’étendait sur l’Europe, mieux valait Churchill promettant à son peuple du sang, de la sueur et des larmes que les discours lénifiants de ceux qui serinaient aux Français : Nous vaincrons parce que nous sommes les plus forts.”

“L’enfermement planétaire”, par André Lebeau, Folio, 372 pages

"La plus grande des menaces qui pèsent sur l'humanité est celle qui résulte de sa division en Etats gardiens des intérêts et des privilèges de leur peuple comme de l'intégrité de leur territoire"

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ExtraPaul écoute A Flash Flood of Colour

Enter Shikari, enter Zeitgeist

Je ne peux tout simplement pas être d’accord que nous sommes civilisés. Agissant comme si cette terre est infinie, c’est un échiquier de mensonges” nous chante Enter Shikari. L’occasion est trop belle pour parler d’un groupe de musique. Mais il faut dire que ça va plus loin…

Enter quoi ?

“Enter Shikari” est un groupe électro-metal que je suis depuis (presque) leur début, et on peut dire, en écoutant leur troisième album studio “A Flash Flood of Colour” , qu’ ils ne sont pas vraiment contents de l’état du monde. Les guerres, le pétrole, l’état de la planète, l’effondrement du système, etc : les 11 chansons incitent au changement voire à la révolution.

ExtraPaul écoute A Flash Flood of Colour
ExtraPaul écoute la contestation en chansons

Les groupes consacrant une chanson à la contestation ne sont pas rares, mais de là à en faire tout un album, ces jeunes-là veulent vraiment faire changer les choses. Et pour  montrer leur engagement, ils mentionnent ce site sur leur pochette : thezeitgeistmovement.com.

Ah, le mouvement Zeitgeist, il ne m’est pas inconnu…

Esprit du temps

Zeitgeist veut dire en allemand “Esprit du temps”, plus particulièrement l’esprit culturel, intellectuel, éthique, spirituel et politique d’une société. Un mot qui représente bien ce mouvement, né en 2008 et présent dans presque 50 pays : il se veut apolitique, sans religion, faisant table rase des dogmes qui dirigent notre monde, ceux-ci jugés inefficaces et engendrant conflits et injustices.

Le mouvement en appelle à une prise de conscience de notre monde, à établir une économie basée sur la gestion durable de nos ressources, à considérer tous les hommes de notre terre comme un seul peuple.

Pour y arriver, la science est mise à contribution : le monde ne sera plus dirigé par des politiques, mais par des technocrates rigoureux qui mettront en pratique la maîtrise scientifique dans des domaines comme la sociologie, la gestion des ressources et des énergies.

En fait, le monde proposé par le mouvement Zeitgeist est high-tech, respectueux de la nature et humaniste. De la science-fiction ?

Le monde selon Jacque Fresco

Derrière toutes ces idées, on a un ingénieur, designer industriel et futuriste américain : Jacque Fresco. Dans les années 70, il lance le projet Venus, la base de tout ce qui est dit plus haut. Et on ne peut pas dire que notre homme manque d’imagination : les villes seront circulaires, le gouvernement sera cybernétique, les constructions utiliseront les matériaux à mémoire, les véhicules seront automatisés, etc.

Le monde de Fresco est vaste et ne manque pas d’images, maquettes et films d’animation pour l’exposer : visitez le site et vous découvrirez un univers aussi complet que Star War ! Ou presque…

Mobilou et Jacque Fresco
Mobilou vous montre les projets de Jacque Fresco

Bien-sûr tout cela ressemble à une utopie. Mais celle-ci trouve des sympathisants de par le monde, et donne une réponse aux gens qui veulent totalement changer notre société…

Hélas il faut le reconnaître : cette vision est typiquement dans l’esprit occidental, imaginé comme si tous les hommes de la terre vivaient de la même manière et avaient la même culture (mais peut-être que les pays en voie de développement veulent vivre comme nous, et donc tendre à ce futur idéal ?). C’est un projet pour repartir à zéro, sur une nouvelle planète : la deuxième terre qui nous consommons déjà virtuellement !

Allons de l’avant

En fait, c’est par un film que je découvris le projet Venus, l’année passée : “Zeitgeist : moving foward”. Avec une esthétique soignée, parfois des animations qui nous rappellent “The Wall”, ce document de… 2h41 !, fait le bilan de notre société, de l’histoire du système économique, pour nous amener, sur son dernier tiers, à la présentation du Projet Venus.

Ce film est en exploitation libre sur le web, sous-titré, alors ne vous privez pas de le regarder. Sa longueur s’explique par le nombre de sujets abordés, mais le montage rend tout cela dynamique et passionnant.


Bande-annonce de “Zeitgeist : moving forward”

Pour ma part, j’avais commandé le DVD. Non pour avoir un chapitrage, qui n’existe pas !, mais pour le faire circuler après l’avoir vu confortablement dans mon salon. Et à l’heure qu’il est, il passe encore de main en main : je crois même qu’il a été projeté dans une classe d’étudiants en sciences sociale !

Allez, “It’s in your hands now, whose future ?”, nous écrit Enter Shikari…

Le projet Venus...

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