Ma bibliothèque était-elle totalement vide pour autant ?
Non : les habitués de mon blog savent que je lis aussi des ouvrages qui alimentent ce blog comme mes réflexions. Une centaine de livres, lus durant plusieurs années de transport en commun, se sont accumulés sur une étagère. Qu’il était temps de vider.
Bénévole dans le monde associatif, j’en ai parlé autour de moi, montrant la photo plus-haut : qui veut recevoir mes livres ? Je les voyais bien, attendant leurs lecteurs sur les étagères d’une association, ou dans la bibliothèque d’une organisation caritative. Mais ma proposition ne sembla pas faire beaucoup de vagues. Personne ne s’est manifesté.
Finalement, j’ai envoyé un email à la bibliothèque de ma commune. Sans trop d’attente, vue l’expérience frustrante d’il y a six ans. Et en effet, mon email resta sans réponse.
J’ai alors envoyé un rappel et obtenu enfin une réponse enthousiaste : “[…] c’est avec grand plaisir que nous accepterions votre généreux don à la bibliothèque” .
Petit papa Paul
Lundi 23 décembre, je me présente à “Biblio Jette”. Je tire une grosse valise remplie à craquer, elle-même montée sur un diable : les roulettes du bagage n’auraient pas supporté les dizaines de kilos traînés sur quelques centaines de mètres de trottoirs.
Je suis bien accueilli : je devance de deux jours le Père Noël !
Le temps passe, et bigre, voilà déjà la moitié d’une année écoulée depuis mon dernier article ! Six mois sans rien écrire : n’ai-je plus rien à raconter, ai-je abandonné mon idée de sauver le monde ?
Mais non ! Au contraire : je suis occupé par plein de projets. Surtout un !
Liens et câbles
La donnerie virtuelle lancée pour ma commune est ma principale activité en cette année 2018. Six mois après son lancement, le résultat est plutôt positif : le site présente en permanence quelque 150 annonces. Et il en cumule plus de 650 depuis son ouverture officielle, en mars. On peut donc estimer que quelques 500 objets ont changé de propriétaire !
Le but du site était aussi de “créer du lien”, grâce à sa portée limitée à la commune. Pari réussi : les transactions occasionnent de belles rencontres, en plus du plaisir de donner. Comme ce moment passé avec un collectionneur de vieux synthés, à qui j’avais apporté les câbles jack que je donnais.
Une fracture
Hélas le site manque de visibilité : beaucoup de Jettois l’ignorent encore, malgré une campagne d’affichage et un article dans le journal communal. Le bouche à oreille reste le meilleur vecteur de diffusion mais il ne faut pas se leurrer : le site attire principalement des gens impliqués dans la durabilité.
Dès lors comment atteindre les gens dans le besoin ? Il faudrait y réfléchir avec les acteurs sociaux de la commune…
Paul on tour
Qu’en est-il de la renommée du site ?
Plusieurs associations (Quartiers Durables Citoyens, Espace Environnement…) ont communiqué sur la donnerie virtuelle de Jette, et l’émission “On n’est pas des pigeons” l’a mentionnée (moment de gloire quand ils ont dit “… à l’initiative d’un citoyen de la commune…” ).
Quelques communes m’ont contacté : certaines se tâtent encore, d’autres se sont ravisés. Et puis une s’est jetée à l’eau : Berchem-Sainte-Agathe a sa donnerie virtuelle depuis septembre !
Deux communes utilisant mon site : c’est peu. Mais si le “jour” est l’unité de temps pour mes projets, c’est le “mois” pour les administrations communales : patience !
Mais je ne me plains pas. Grâce à ce projet je multiplie les bonnes expériences : je me réunis avec des employés communaux impliqués dans la durabilité, je rencontre des acteurs du changement, et je suis invité à présenter le projet lors d’événements comme le Rallye des Quartiers Durables Citoyens.
Et comme le site est une belle carte de visite… on m’appelle pour d’autres projets. Il y en a un que j’ai accepté. Et il me prend beaucoup de temps.
Je voulais que ma commune ait une donnerie virtuelle : un site web pour publier des annonces d’objets à donner. Elle n’en avait pas. Alors je l’ai créée !
Un livre trop loin
Je vis à Bruxelles. Et un habitant de Liège donne un livre m’intéressant : j’ai trouvé son annonce sur un site spécialisé. Mais suis-je prêt à parcourir une centaine de kilomètres pour obtenir ce livre ? Non. Et ce liégeois voudra-t-il me l’envoyer ? Non plus : déjà qu’il le donne, ne lui en demandons pas trop !
Mais voici que livre est à donner à Bruxelles… mais de l’autre côté de la ville. Vais-je traverser la cité pour l’acquérir ? Ce n’est pas sûr.
Et si ce livre est donné dans ma commune ? Là j’accepte de marcher ou pédaler pour l’obtenir… Si en plus il est dans ma rue, je lierai connaissance avec un voisin !
Ce raisonnement m’a conduit à la conclusion suivante : un site d’annonces d’objets à donner ne peut réussir que s’il est local, portant sur un territoire délimité. Tel qu’une commune ou un village.
Existe-t-il des communes proposant un tel site ? État des lieux…
La donnerie qui n’existait pas
Un endroit où les gens entreposent des objets à donner se nomme “donnerie” . La carte des initiatives du RCR permet de trouver les donneries de Bruxelles et de Wallonie : il s’agit principalement de pages Facebook et de listes de diffusion Agora, qui ne me satisfont pas.
Seule la donnerie d’Etterbeek répond à mes attentes : cette commune a développé un site d’annonces s’adressant à ses citoyens. Mais qui gère ce site ? Personne ne répond à ma demande d’information. L’idée d’une collaboration avec cette donnerie tourne donc court : je n’ai plus qu’à retrousser mes manches et concrétiser ce que j’ai en tête.
Et voici comment je vois les choses…
Des cassettes VHS pour le monde entier
Visiter une donnerie, c’est comme parcourir un marché aux puces : on flâne, on cherche rarement quelque chose en particulier, mais on espère tomber sur une bonne surprise.
J’imagine donc mon site au plus simple : une page avec des annonces dans leur ordre d’arrivée (les plus récentes en tête). Pas de blabla, pas de news, pas de recherche, pas de “Bienvenue sur la donnerie de Jette” : vous arrivez, vous découvrez ce qu’on donne… vous contactez !
Mais surtout : seuls les habitants et travailleurs de la commune peuvent poster des annonces. On s’inscrit donc en choisissant la rue dans laquelle on habite ou on travaille.
Pour autant, le site ne se coupe pas du monde : n’importe qui peut consulter les annonces et contacter les donateurs. Après tout, si un liégeois est prêt à se déplacer pour mes cassettes VHS…
Chemin de croix
Je commence mon entreprise en août 2017 : mon temps libre est partagé entre la programmation du site et un entraînement en vue de mon Chemin de St-Jacques de Compostelle.
Arrive septembre et j’entame mon chemin de croix… Non, en fait il y en a deux !
Car une autre idée fait… son chemin ! Je ne lancerai pas le site en mon nom : je veux le confier à la commune.
Je contacte donc mes quelques connaissances travaillant à l’administration communale. Les réactions sont enthousiastes. Mais les rouages de l’administration sont complexes (et impénétrables ?) : le chemin est plus long pour les convaincre que pour programmer le site. La décision n’arrivera qu’en janvier 2018 : oui, la commune adopte le site et le promotionnera !
Vous êtes les 1 %
C’est une belle reconnaissance pour mon travail.
Et une belle vitrine pour mon ambition : mettre le code du site à disposition des communes et quartiers qui souhaiteraient avoir leur propre donnerie virtuelle.
En ce mois de mars 2018, le site est officiellement lancé. Il est ouvert aux 52.000 jettois ainsi qu’aux travailleurs de la commune : en attirer 1 % sur le site serait fabuleux.
Vous n’êtes pas de la commune ? Qu’à cela ne tienne : remuez ciel et terre pour que ce site soit créé dans votre quartier. Puisque je vous le dis : ce site est à donner !