Archives par mot-clé : consommation

Un sac exquis

La chaîne d’alimentation EXKi était déjà au vert, mais maintenant elle va plus loin, elle repense, elle re-think : c’est ce que j’ai découvert en entrant, le 3 janvier, dans celui de la Place du Luxembourg. La date est importante et explique cette aventure : c’est une semaine creuse et mon snack favori était fermé. Cela pour dire que je n’ai pas d’avis sur EXKi : je n’y vais jamais.

Bref, je suis à la caisse avec un sandwich trop petit à mon goût, quand je vois une affiche « Rethink 2.0 » : EXKi mène en effet une campagne pour réduire son impact écologique (encore lui !), et je n’ai rien à redire, cela me semble une belle initiative.

Hélas mon enthousiasme retombe vite, par un fait qui serait passé inaperçu au commun des mortels. Mais pas à moi : il y a des sujets qui me fâchent, ils sont souvent futiles, je sais, et  je prends sur moi – mais je finis quand-même par me décharger dans ce blog…

Or donc, voici l’objet du délit : ce foutu sac en papier dans lequel le vendeur vient de mettre mon sandwich ! Ah mais je ne vous ai pas dit : le condiment en question est emballé serré dans un cellophane, aussi étanche qu’une tenue spatiale. Il pourrait affronter la pluie, la neige, une tempête de sable ou le vide intersidéral !

Non, je suis de mauvaise foi : le sac, c’est pour protéger la serviette en papier que le vendeur vient d’ajouter. Ça change tout !

Bon, sérieux, les clients de ce snack travaillent dans un rayon de 300 mètres à tout casser, et les vendeurs doivent le savoir : utiliser un sachet en papier pour un cas de figure comme le mien, je ne trouve pas ça rethinké 2.0 !

Non, je suis de mauvaise foi (bis !) : c’est marqué sur le sachet incriminé (je traduis) : “Veuillez réutiliser ce sac”.

Un sac qui a de l'avenir !
Un sac qui a de l’avenir !

Croyez-moi, des sacs, j’en réutilise, on ne me prendra pas en défaut. Mais des sacs en papier, format sandwich (ou sac à vomi comme dans les avions), j’ai du mal à en trouver l’utilisation.

Vous vous imaginez, vous, déplier votre sac en papier tout chiffonné (et le reste…)  à la caisse chez EXKi ? Et attention qu’il faut aller vite, et être proactif : ce sont des professionnels de la mise en sac, le geste est sûr et efficace, et je ne crois pas que le coaching “Rethink” les a formé à poser la question : “Vous avez votre sac en papier ?”.

Et pourtant, cela vaudrait la peine de réutiliser votre sac six fois ! Eh oui, car dans le guide du Rethink 2.0, page 53, on trouve : “EXKi propose des sacs en papier réutilisables (6 passages à la caisse avec le même sac = un café issu du commerce équitable offert)” – comment comptabilisent-ils les 6 utilisations, je me le demande…

Ah, les sacs ! Je pourrais encore vous en rabattre les oreilles pendant des heures, mais je garde le plat de consistance pour un prochain article.

En attendant, je salue la démarche “Rethink” d’EXKi, même si je trouve certaines mesures, comment dire, décalées…

Les sacs donnés dans les commerces...

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A qui profite le développement durable ?

Le développement durable n’est qu’un nouveau produit de la mondialisation, qui ne profite pas aux pauvres. Ah bon ?

Le petit livre vert de Brunel

Je ne suis pas rancunier : Sylvie Brunel, je l’avais déjà lue, et je n’étais pas trop d’accord avec ses propos (et ceux de ses compères géographes) sur un monde qui va bien, qui continue à être façonné par l’homme, car la terre est au service de l’homme et pas l’inverse.

Ce discours, elle le continue avec ce livre “A qui profite le développement durable ?”.

Il est petit, vert, assène certaines vérités et quelques bêtises : j’ai eu un certain plaisir à le lire, j’ai été convaincu par certains propos, mais les moments d’exaspération n’ont pas manqué !

Ça va chauffer !

Pour résumer les propos de l’auteur, le développement durable n’est qu’une nouvelle forme de business, qui profite aux riches, qui désavantage les pauvres, qui permet aux compagnies de continuer à produire en bénéficiant d’une nouvelle arme commerciale : “sauver la planète”.

Et ça fonctionne d’autant mieux que les ONG jouent les oiseaux de mauvais augure, en se focalisant sur tout ce qui va mal.

On culpabilise les habitants des pays développés sur leur mode de consommation, on demande aux pays du Sud de ne pas polluer comme nous, en plus de leur demander de protéger des territoires au nom de la biodiversité, reléguant les populations locales au second plan.

Tout cela en surfant sur un réchauffement imputé à l’homme : on prend des mesures inéfficaces en prévision d’un futur très hypothétique…

Faible plutôt que fort

Pour Brunel, le “développement durable” n’est pas la bonne voie : il doit concilier équité, économie et environnement, ce qui est trop limité. “Chacun tire l’attelage dans sa propre direction” (p.65). Et voici, ci-dessous, les trois “attelages” :

Le durable à l'intersection des 3 E
Le durable à l’intersection des 3 E

Les “ayatollahs” de l’environnement défendent une durabilité forte : les ressources naturelles doivent absolument être maintenues en l’état.

Mais on devrait aller vers une durabilité faible, considérant que des ressources peuvent être substituées par les techniques de l’homme. De plus, et c’est le cheval de bataille de l’auteure, l’environnement n’est que le produit des activités de l’homme : “il n’existe pas de milieux naturels qui n’aient été anthropisés, transformés par l’homme. La nature n’est qu’une construction sociale, qui dépend des lieux, des époques, et des priorités que se donnent les sociétés.” (p. 69)

Le meilleur et le pire

Sylvie Brunel trouve les arguments pour démonter certaines croyances. Comme la biodiversité : “C’est dans les jardins des grands hôtels tropicaux (…) que la biodiversité est la plus grande.” (p. 86).

Et son analyse de la vie sauvage, que l’on veut préserver, voire retourner y vivre, est pertinente : la nature, c’est la loi de la jungle, la raison du plus fort, tout simplement. Et de rappeler : “La seule espèce à avoir développé une conscience de son prochain, à avoir souhaité protéger le faible, le handicapé ou le menacé, c’est précisément l’être humain.” (p. 89)

Mais hélas, certains propos lui font perdre sa crédibilité. Ainsi, elle doute des prévisions du GIEC, confondant climatologie et météorologie : “On ne peut déjà pas prévoir le temps à plus d’une semaine !” (p. 117). Ou, expliquant que livré à lui-même, le milieu naturel est colonisé par des espèces invasives, elle prend parmi ses exemples la perche du Nil dans la lac Victoria : un comble, quand on sait qu’il s’agit d’un désastre écologique imputable à l’homme !

D’autres sottises ne manquent pas, mais je les gardes pour introduire mes prochains articles…

Suivons l’Afrique

Notre géographe ne manque pas d’audace. Ainsi trouve-t-on un chapitre “L’Afrique, laboratoire du développement durable”, où elle demande que les ONG de s’occupent plus de ce continent : “Il est impératif de faciliter la modernisation et l’aspiration profonde de sa population au développement : l’Afrique n’est pas notre zoo.” (p.105).

Mais son discours est ambigüe, car elle explique ensuite que l’Afrique pourrait être un modèle à suivre : elle pratique l’économie légère, est as du recyclage, est forcé à la décroissance.

Alors donc, développement et décroissance seraient possibles ? Réponse en page 129 où Brunel se sabote elle-même : “Le développement (…) ne peut se faire sans croissance.

Tournons la page est concluons…

Pilule bleue ou rouge ?

A qui profite ce livre ?
A qui profite ce livre ?

Je referme le livre et me demande : ai-je bien compris le message de Brunel ?

Les ONG en ont pris pour leur grade, les pauvres ont été défendus contre des gens comme moi (car je me sens clairement visé), accusé de vouloir imposer un mode de vie “bio” et “éthique” coûteux, en même temps qu’exiger une protection de la nature qui n’a rien demandé.

Alors, est-ce que Brunel me demande de ne plus soutenir personne ? Ne puis-je plus profiter de mon pouvoir d’achat pour soutenir une autre économie, qui ne deviendra accessible aux plus démunis que si elle se développe ?

Quant aux (grosses) ONG, c’est comme les syndicats : on les accuse d’extrémisme, d’inefficacité, de propager la mauvaise nouvelle, de jouer le jeu des multinationales pour l’un, des patrons pour l’autre. Alors je vous tends deux pilules : la bleue c’est pour rester dans ce monde, la rouge c’est pour se réveiller dans un monde sans ONG et sans syndicat…

Je prends la bleue…

“A qui profite le développement durable ?” par Sylvie Brunel, 154 pages, Larousse

Alors, pilule bleue ou pilule rouge ?

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Ces champs peuvent-ils nourrir tous les belges ?

Le Belge a une densité de plomb

En décembre 2012 la presse annonçait une grande nouvelle : ça y est, la Belgique a passé le cap des 11 millions d’habitants. Voilà qui me donne l’occasion de faire quelques mesures, histoire de bien situer l’encombrement des belges par rapport à la planète…

Un quart de terrain de foot

Nous sommes dans le top des pays les plus denses (362,65 hab./km2 [1]), ça, tout le monde le sait, on l’apprend même à l’école ! Sous réserve d’actualisation des chiffres, nous serions 16ème sur 192 [2].

En fait, chaque Belge occupe 2.757 m2 (0,27 ha), soit un quart de terrain de football [3]. Peut-on vivre sur une telle surface ? Ça dépend de quelle façon…

Imaginons que toute la surface du territoire soit disponible pour nous nourrir, et que nous n’ayons que ce besoin : nous nous en sortirions tout juste puisque actuellement une personne aurait besoin de 0,25 ha de champ pour manger [4].

Mais nous devons nous laver, dormir, avoir un minimum de confort. Pour avoir une idée de ce que ça représente, prenons exemple sur la famille Baronnet, qui vit en autarcie sur un terrain de 3.800 m2, dont 400 m2 de potager [5]. Ils sont deux, ça fait 1.900 m2 par personne : le belge dispose de plus de surface, et donc pourrait vivre comme un Baron…net !

Ces champs peuvent-ils nourrir tous les belges ?

Là où la Belgique se classe en tête

Mais le belge moyen ne se contente pas de “juste” vivre : il consomme beaucoup et produits beaucoup de déchets. Cela se mesure avec l’empreinte écologique, qui donne la surface d’hectare globale nécessaire pour un humain. Comme ce chiffre dépend du mode de vie, il est radicalement différent selon que l’on soit Qatarien (11,68) ou Afghan (0,5). Pour un belge, il est de 7,11 hag [6], ce qui nous place en 6ème position dans le classement des pays les plus “lourd” [7] !

Même si l’exercice n’est que virtuel, et que les surfaces calculées plus haut ne sont pas comparables, nous voyons maintenant que le belge a en fait besoin de 7 terrains de football pour son train de vie ! Et voici de quoi ils se composent [8] :

  • 1.82 hag de terres cultivées
  • 0.95 hag de pâturage
  • 0.47 hag de forêt (pour la fourniture en bois)
  • 0.17 hag pour la pêche
  • 3.26 hag de forêt pour séquestrer nos émissions de carbone
  • 0.45 hag pour nos infrastructures (habitations, transport, etc.)

9 millions de belges en trop

Ah qu’il est provocateur, ce titre ! Mais je ne résiste pas un petit calcul supplémentaire, juste pour voir…

Car à l’inverse de l’empreinte écologique, il existe la biocapacité, qui mesure la capacité que possède la nature à se régénérer et à compenser la consommation de l’homme. Chaque pays a son chiffre, et voici celui de la Belgique : 1,33 hag par personne. Ce qui nous donne un calcul dont le résultat est désastreux : 1,33/7,11 * 100 = 18,7 %. La Belgique assure moins d’un cinquième de la surface biologiquement productive nécessaire à ses habitants.

Autrement dit, notre territoire n’assure que pour 2 millions de belges, et les 9 millions excédentaires prennent crédit ailleurs… Alors remercions des pays comme la Bolivie qui compensent, avec 18,39 hag par personne !

Alors on dense ?

Bien-sûr certains chiffres que j’ai utilisés ne sont pas de toute dernière fraîcheur, voire changent d’une source à l’autre, mais on peut malgré tout conclure que si la Belgique est dense par sa population, elle l’est surtout par son impact environnementale et économique.

Bref, pour notre planète, la Belgique est faite de plomb et non de plumes !

Le Belge pèse lourd et ça se voit ! / (c) Nasa
Le Belge pèse lourd et ça se voit ! © Nasa

(Calculez votre empreinte écologique pour répondre au sondage ci-dessous…)

Quelle est votre empreinte écologique ? (lien donné ci-dessus)

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