On ne me connait pas comme un passionné d’automobile. Et pourtant je vais vous parler de voiture. Mais pas de n’importe laquelle : celle qui trace la voie de notre futur. Elle existe, et j’ai même pu rouler dedans.
Silence on tourne
En début d’année, dans les résolutions pour 2014, je vous proposais d’acheter une Tesla… Certains se sont demandés : c’est quoi ça ? Et d’autres ont exaucé ce vœu : c’est le cas de mon collègue Bert Walschap, consultant indépendant – ce détail a son importance…
Alors c’est quoi une Tesla ? C’est la crème de la voiture électrique, c’est l’avenir, c’est high-tech, c’est le silence et l’air pur dans nos rues : c’est une Tesla S, de Tesla Motors, société américaine fondée par l’inventeur de PayPal.
J’ai donc demandé à Bert de me prendre à bord, le temps d’une interview. J’ai déposé mon enregistreur entre nous-deux, pour un échange de questions-réponses, sans bruit de fond…
… Car la première chose qui marque, quand on voit bouger cette voiture, c’est le silence ! Nous sommes tellement habitués à entendre le démarrage d’un moteur que, quand Bert a quitté sa place de parking, je l’imaginais en train de pédaler. J’aurais pu filmer, mais on m’aurait accusé d’avoir oublié la bande son !
Au nom du fisc
“C’est ce qui impressionne le plus les gens : le silence” , me dit-il, alors que nous sortons sans un bruit (oui, j’insiste) du parking souterrain. Entre nous-deux, pas de boîte de vitesse. Quant au tableau de bord : un grand écran plat, qui montre en temps réel la charge et l’autonomie de la batterie. Entre autres…
En fait, tout le contrôle de la voiture passe par cet écran tactile : même James Bond en a rêvé sans jamais l’avoir. Étonnamment, cela fait partie des motivations de Bert quant au choix d’une telle voiture : “C’est le plus gros gadget que je pouvais m’acheter” .
Un gadget, certes, mais qui coûte cher. Enfin, pas tant que ça : “J’ai fait la comparaison avec mon ancienne voiture, et en tenant compte de la fiscalité, de la consommation et de la maintenance, cette voiture-ci ne me coûte en final que 10 % de plus qu’une diesel de même taille” .
Eh oui, car avec une voiture électrique :
- la taxe de circulation est minimum,
- on reçoit des aides financières,
- on peut bénéficier de tarifs préférentiels pour l’assurance…
- et une déduction à 120 % pour une voiture de société (tous les avantages résumés ici). Amis indépendants, pensez-y.
Et le kilomètre électrique est beaucoup moins cher que le kilomètre au carburant fossile. Il peut même être gratuit, comme nous le verrons plus bas.
Les superchargeurs débarquent
Mais comment vit-on avec une voiture électrique ? Eh bien d’abord on ne va plus à la pompe : la voiture se charge la nuit. Bert a installé une prise en triphasée : “Ça prend 8 heures pour une charge complète, mais pour ma consommation journalière, 5 heures me suffisent” .
Mais alors, pour les très longs trajets, comment cela se passe-t-il ? “Pourquoi acheter une voiture en pensant à ses vacances ? On peut louer un véhicule pour ça…” . Le problème ne se pose donc pas pour lui : l’autonomie de sa Tesla lui suffit pour son usage conventionnel.
Quand bien-même : Tesla Motors est en train d’installer un réseau de superchargeurs en Europe : des stations capable de charger la moitié de la batterie d’une Tesla S en 30 minutes. Ce sont les plus performantes au monde, et leur usage est gratuit : voilà qui convaincra Bert de, quand-même, voyager avec sa Tesla.
Où est le moteur ?
D’autant plus qu’il y a de la place pour les bagages : un coffre à l’arrière, et un autre à l’avant. Mais alors, où est le moteur ?
Pour comprendre, rendez-vous au showroom de Tesla à Bruxelles, où le châssis est exposé. Le moteur développant plus de 400 CV et vous emmenant à 100 km/h en 4,4 secondes, il est bien là : c’est le cylindre à l’arrière (la Tesla est une propulsion).
Mais ce ne sont pas ces performances-là qui m’emballent : c’est son efficacité énergétique. On entend souvent les détracteurs dire de la voiture électrique que c’est une fausse démarche verte : c’est déplacer ailleurs la pollution énergétique, celle nécessaire pour avoir l’électricité. Sauf que :
- Un moteur électrique a un rendement énergétique de plus de 80 % (parfois plus de 95 %) contre 25-30 % pour un moteur à essence. Autrement dit : avec la même énergie dépensée, vous allez trois fois plus loin !
- Un véhicule comme une Tesla récupère l’énergie cinétique au freinage et à la décélération : l’économie d’énergie serait de 10 à 20 %.
- L’électricité de la voiture peut provenir de votre installation de panneaux solaires. Mais encore mieux : ses batteries exceptionnelles peuvent stocker l’énergie de votre maison, pour la ré-injecter quand la production photovoltaïque ne suffit pas pour faire tourner vos appareils ménagers.
S’il y a une critique à faire, cherchons-la plutôt du côté de la fabrication, beaucoup plus polluante que pour une voiture traditionnelle. À cause des batteries, principalement.
Go to the future
Revenons à côté de Bert : notre Tesla blanche se glisse silencieusement dans la circulation. Une absence de bruit qui pourrait être dangereuse, mais Bert ne déplore encore aucun incident : un tel véhicule amène à une conduite préventive.
Et aussi à une conduite plus sereine. Bert habite à la campagne, et sur la route “Je baisse la vitre pour entendre les oiseaux” . Cela me rappelle les réflexions faites par des pilotes ayant conduit des motos électriques lors du Tourist Trophy de l’île de Man.
La Tesla a retrouvé son parking – muni de bornes électriques, vous l’avais-je dit ? – et en regagnant à pieds la rue bruyante, je me dis que j’avais profité d’un avant-goût du futur.
Certes, ce futur est hors de portée de la plupart des bourses, mais il en a toujours été ainsi des nouvelles technologies. Patience : dans quelques années, nous serons tous des Bert circulant dans une tranquillité inédite, et nous nous demanderons comment nous avons pu supporter autant de bruit et de pollution…