Archives par mot-clé : écologie

ExtraPaul devant le Solucar (Espagne)

100 pionniers pour la planète

Sous-titré “Des solutions pour une croissance verte”, voici encore un livre porteur d’optimisme, de ceux qui me font sortir de la noire vallée du pessimisme…

Encore un tour du monde

Deux jeunes qui font le tour du monde pour faire le bilan dans un domaine, on commence à avoir l’habitude ! Cette fois ce sont Dimitri Caudrelier et Matthieu Roynette, jeunes ingénieurs, qui s’y collent : ils sont partis à la rencontre des gens innovant dans les solutions bonnes pour la planète – et pour leur business aussi !

L’ouvrage est dans la continuation de “80 hommes pour changer le monde” , avec un bonus que j’ai trouvé très instructif : chaque article (la visite d’une entreprise ou d’un projet) est suivi d’un avis d’expert dans le domaine. C’est ainsi que l’enthousiasme des jeunes auteurs se trouve parfois contrebalancé par une analyse plus globale, plus objective.

Les problèmes de demain

Prenons l’exemple de Nanosolar, société située dans la créative Silicon Valley. Celle-ci veut réduire les coûts de fabrication des panneaux solaires. Après huit années de recherche et des centaines de millions de dollars dépensés, elle a trouvé le truc : imprimer la couche photovoltaïque. Grâce à ce procédé, les panneaux sont bien meilleurs marchés, en plus d’être souples…

Voilà pour la partie “la technologie nous sauvera”. Car suit l’analyse d’un spécialiste des technologies solaires, qui nous apprend que l’alliage CIGS de ces panneaux souples contient de l’indium, un métal rare, et du cadmium, un métal toxique. Et de nous rappeler l’adage : “Les solutions d’aujourd’hui sont les problèmes de demain” !

Tous les chemins mènent à Güssing…

Quittons la Californie est ses solutions high-tech pour une petite ville en Autriche : bienvenue à Güssing, ses 4.500 habitants et son maire visionnaire qui, voyant le déclin de sa région, prit la décision dans les années 90 de faire passer sa municipalité à 100 % d’énergie renouvelable. Un pari tellement bien réussi qu’aujourd’hui la ville produit plus que ce qu’elle consomme. Elle a même relancé son économie en attirant une cinquantaine de sociétés, la plupart évidemment en rapport avec le renouvelable.

Güssing est donc un modèle en matière d’autonomie énergétique (et de zéro émission carbone), et de relance économique grâce au renouvelable. Elle attire des délégations du monde entier, et ce sont quelques 400 personnes qui viennent chaque semaine recevoir les conseils et explications prodigués  par le Centre européen des énergies renouvelables, mis en place spécialement pour répondre à la demande.

… et à Terneuzen aussi

Ah, que ce voyage autour du globe est enthousiasmant : il nous donne l’impression que le monde est en marche vers une autre économie qui, comme la nature, fonctionne en cycles.

Comme à Terneuzen, Pays-Bas, où l’usine Dow Chemical récupère ses propres eaux usées, ainsi que celles de la ville, pour les étapes de fabrications demandant de l’eau pure : c’est moins énergivore que de prendre de l’eau de la mer, et c’est gagnant aussi pour la ville qui devait, auparavant, épurer l’eau avant de l’envoyer dans le fleuve.

Tiens, et à Borlänge (Suède), c’est l’eau chaude industrielle qui sert à chauffer la ville !

Pour une fois, on pourra dire que c’est bien d’avoir une usine près de chez soi !

ExtraPaul devant le Solucar (Espagne)
ExtraPaul en pèlerinage à Sanlucar la Mayor, avec 100 pionniers

Ça pompe et ça turbine

On comprend aussi que les énergies de demains fonctionneront grâce à l’interconnexion de plusieurs solutions techniques – et non par le développement massif d’une seule.

Ainsi, en Allemagne, la ville de Kessel sert de terrain d’expérimentation pour les énergies renouvelables, avec le projet Kombikraftwerk, mêlant éolien, solaire, hydraulique et biogaz. Mais la clé du succès, c’est son système de stockage d’énergie, plutôt original : un barrage à pompage-turbinage. Le principe est ridiculement simple : pour stocker l’énergie, on pompe l’eau d’un bassin inférieur vers un bassin supérieur – cela se fait en cas de surplus de la production électrique. Et quand on veut utiliser cette énergie, on laisse écouler l’eau du bassin supérieur vers l’inférieur, qui passe par des turbines, comme dans un barrage classique.

Être payé pour moins consommer

Bon, je me suis emballé pour des innovations à grande échelle, mais ce tour du monde nous fait aussi découvrir…

  • des idées simples (le Solatube, qui amène la lumière du jour dans votre salon),
  • des entrepreneurs déterminés (Jan de Koning a tout abandonné pour mettre au point, dans son petit atelier, un dessalinisateur donnant 40 litres d’eau pure pour 100 litres d’eau de mer… en utilisant le soleil !),
  • des connaissances qui se partagent (l’ONG Sociedade do Sol a pour première vocation… de diffuser le manuel de fabrication d’un chauffe-eau solaire !),
  • des agros-industriels qui se remettent en question (le groupe brésilien Balbo, trois millions de tonnes de cannes à sucre par an, a redressé son activité  en passant au bio),
  • et des solutions… inattendues (Enernoc est l’intermédiaire entre des fournisseurs d’électricité prêts à payer pour éviter des pics de consommation… et des clients prêts à réduire leur consommation au moment des pics, contre rémunération !).

Secouons-nous

Voilà pour quelques échantillons de ces belles entreprises : le livre datant de 2009, les choses ont un peu évoluées depuis lors. Mais j’ai pu retrouver la plupart d’entre elles sur le web, et elles se portent bien : les deux auteurs ont bien dénichés des projets qui tiennent la route.

Même si tout n’est pas encore gagné.

Car beaucoup de sociétés se développent à fond perdu, durant des années, avant de prendre leur envol. Certaines bénéficient de la fortune de milliardaires (Tesla Motors, les voitures électriques haut de gamme), et d’autres ne peuvent démarrer que par une volonté politique.

Laissons la conclusion, pleine d’espoirs, à Dimitri et Mathieu : «Les solutions existent. Elles sont ici, elles sont en marche, elles tournent, elles roulent mais elles demandent, pour être mises en place, une énorme et tenace volonté de chacun. Le mode d’emploi, chacun le connaît. C’est de nous secouer. Et vite !».

“100 pionniers pour la planète”, Dimitri Caudelier & Matthieu Roynette, 356 pages, JC Lattès

"Les gouvernements ont cette fabuleuse capacité de pouvoir faire les choses en grand. Une loi, et un marché entier est boosté, freiné, réorienté." (p. 334)

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Et si j’étais riche ?

Nous randonnons sur un sentier du littoral de la Côte d’Azur quand un hélicoptère nous survole d’assez près pour nous décoiffer : et pour cause, il atterrit dans la propriété d’une des belles villas qui bordent ce magnifique et riche littoral.

Mais l’incrédulité est de mise quand nous voyons sortir de l’appareil un couple avec leurs valises. Que l’on puisse utiliser un hélicoptère pour arriver sur son lieu de villégiature nous parait aussi choquant que la campagne publicitaire pour le parfum “Le Beau Mâle” (mais si, celui avec la peau de l’ours blanc !). Sauf que celle-ci cherche peut-être la provocation, et pas ce couple-là.

Un  hélicoptère pour arriver à sa villa
Comme on dit : “Ça le fait !”

Comme dirait l’autre : “Nous n’avons pas les mêmes valeurs”. Et il est manifeste que nous sommes en bas de l’échelle (euh non, plutôt en bas de l’escalier aboutissant à une porte blindée avec caméra), ne partageant avec ces riches vacanciers qu’un décoiffage dû à un vent d’Ecureuil…

L’Ecureuil a soif

Existe-t-il un engin consommant plus qu’un hélicoptère, au kilomètre ? Un char d’assaut ? La fusée Ariane ? Bon, je ne cherche pas vraiment car voici un chiffre : 165 litres… par heure. Voilà la consommation de l’Ecureuil AS 350, probablement le modèle qui nous survole – la flotte de l’autre côté de la baie en dispose…

Que ce soient quelques minutes pour traverser le Golfe de Saint-Tropez, ou les 15 minutes pour venir de Cannes, voilà un taxi qui aura consommé entre une douzaine et une quarantaine de litres… Fois deux ! Car ne croyez pas que l’engin revienne à sa base avec d’autres passagers, ni même avec les vidanges consignées, ou avec les sacs verts des déchets de jardin ! Non non : “Au revoir madame, au revoir monsieur, voici ma carte : n’hésitez pas à m’appeler si vous voulez faire des courses en ville…

Je disais plus haut que nous sommes sur un riche littoral. Oui, “riche” à prendre dans tous les sens du terme…

Allez, rien qu’une fois

Bon, stop !

Si j’étais riche, aurais-je de telles réflexions ? Ferais-je l’impasse sur un transport aussi fun que l’hélicoptère, qui me coûterait ce qu’à d’autres coûte le bus ?

Et si j’étais riche, aurais-je seulement conscience de tous les problèmes qui font l’objet de ce blog ? Et quand bien même, aurais-je la volonté de réduire mon train de vie et de ne pas profiter de ce qu’un millionnaire peut s’offrir ? Ne consommerais-je pas sans compter, soulageant ma conscience à coups de donations et compensations carbone ?

Et à défaut d’être riche, si ma modeste personne écolo bobo de la classe moyenne était l’invité d’un riche ami, m’offrant le trajet en hélicoptère, le refuserais-je ? Ah, voilà un cruel dilemme. Et la plupart d’entre vous dirait : “Tu serais bien con de refuser !” . “Pour un fois” . “Ce n’est pas ça qui sauvera la terre” .

Ce serait dommage de ne pas en profiter
Promotion ! Ce serait dommage de ne pas en profiter !

Si je me regardais dans le miroir

Mais où voulais-je en venir ? Avec des “si”, on… ferait voler un hélicoptère à l’énergie photo-voltaïque !

Eh bien voici la leçon que je tire de cette décoiffante expérience : nos réflexions et jugements sont souvent dictés par notre propre situation, le contexte de notre vie. La critique est facile envers les gens qui ne partagent pas notre contexte social, quand ce n’est pas de l’incompréhension quand il s’agit d’autres cultures.

Je ne dis pas qu’il ne faut rien critiquer et excuser tout le monde. Mais s’imaginer dans la peau de l’autre est un exercice intellectuel qui permet de prendre plus de… hauteur, et de “se regarder dans le miroir”.

Épilogue

Y a-t-il un transport plus énergivore que l’hélicoptère ? J’ai trouvé le Crawler-transporter, avec 600 litres à l’heure.

Et le jour où un très riche l’utilisera pour faire une DJ Party en mouvement de sa villa à la plage, il recevra mes foudres.

Il ne faudrait pas exagérer, quand-même !

Arriver sur son lieu de villégiature en hélicoptère...

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L’humanité disparaîtra, bon débarras !

Ce n’est pas moi qui le dis, c’est le titre d’un livre, prix du pamphlet 2006. Mais quand-même !

Un philosophe provocateur

Yves Paccalet n’est pas tendre avec l’Homme. Sans doute que ses années avec le commandant Cousteau lui ont appris à aimer les animaux plutôt que la race humaine, et il ne se cache pas pour le dire.

Et il dit même bien ! Car n’allez pas croire que Paccalet est un naturaliste qui s’est trouvé un don d’écrivain : notre homme est philosophe avant tout, auteur de quelque 70 ouvrages. Il a l’écriture facile, et un livre comme celui-ci est une mine d’expressions et de phrases bien tournées. Ce n’est pas pour rien que l’ouvrage a été adapté au théâtre, en 2008.

Après un cataclysme nucléaire, il ne restera plus grand chose à lire ((c) The Road by John Hillcoat)
Après un cataclysme nucléaire, il ne restera plus grand chose à lire (© The Road by John Hillcoat)

Déçu de l’humanité

J’ai cru en l’homme. Je n’y crois plus. J’ai eu fois dans l’humanité : c’est fini.

Ainsi commence le livre : le ton est donné pour les quelque 180 pages qui suivront. Autant le dire tout de suite : avec ce genre de lecture, on n’apprend rien, ou si peu. Des faits et des chiffres sont jetés à la tête, sans référence, sans les sources : on ira vérifier tout ça ailleurs ! Mais ne nous encombrons pas de ces détails : le but est bien de se défouler, et on prend plaisir à lire cette grosse tarte à la crème lancée à la face de cette humanité qui se prend pour le maître du monde, ainsi que de toutes les espèces vivantes.

Qu’est-ce que l’homme ? Platon avait dit “Un animal à deux pieds sans plumes” . L’auteur ajoute : “un ravageur imprévoyant ; un destructeur invétéré ; un saccageur qui n’a d’autres préoccupation que son intérêt immédiat ; une espèce violente envers les autres comme envers lui-même ; un danger pour tout ce qui respire.” (page 17)

Nous sommes des parasites

Du point de vue de l’écologie, j’ai conscience d’avoir commis une lamentable erreur. Les engendrer fut un non-sens – la pire imbécilité de mon existence, qui n’en a pas manqué.” (p. 51)

C’est ainsi que l’auteur parle de ses quatre enfants, qu’il a eu la faiblesse d’ajouter à la “vague humaine”. Car question démographie, il n’est pas tendre : l’homme ne participe pas à l’équilibre de la vie sur terre. Il se conduit comme un parasite : “Nous ne sommes ni le fleuron, ni l’orgueil, ni l’âme pensante de la planète : nous en incarnons la tumeur maligne.” (p. 55)

C’est donc le grand clash avec les religions, dont l’implication n’est pas des moindre dans tout ce grand pullulement sans entrave. Trois bébés chaque seconde : dans quel but ? Quel en est le sens ? “Notre peuple de bipèdes à poils rares s’accroit chaque année de plus de soixante millions de sujets. Une France ou une Grande-Bretagne supplémentaire tous les 12 mois. Disons, plus justement, un demi-Bangladesh ou six Niger : car la grande majorité de ces nouveaux-nés passent directement des entrailles de leur mère dans les bras de la misère.” (p. 56)

Treize bonnes raisons de mourir

L’humanité a toutes les chances de disparaître, que ce soit de sa faute, ou par une grande claque donnée par mère nature. Voici les 13 scenarii imaginés par l’auteur. La distinction entre certains n’est pas évidente, mais ne boudons pas notre plaisir…

  1. Une grosse météorite de 10 kilomètres de diamètre nous tombera dessus. Toute notre technologie, et en particulier nos missiles nucléaires, ne pourront rien y faire : ce sera le même cataclysme que celui qu’ont connu les dinosaures.
  2. La terre traversera un nuage de poussière interstellaire : une glaciation commencera, sur des dizaines d’années, et les hommes s’entretueront pour les ressources.
  3. Quelques volcans entreront en furie : voir le point 2 pour le dénouement…
  4. Nous serons surpeuplés : “Aujourd’hui, la Terre entière est l’île de Pâques, et l’humanité un village polynésien en sursis” . (p. 150)
  5. Nous serons anéantis par les armes de destruction massive. Nucléaire, biologique ou chimique ? Montez sur un toit pour être tué dans la première minute, car les survivants ne vont pas rigoler…
  6. La biosphère sera détruite. “Durant les 5000 ans qui viennent de s’écouler, notre espèce a déplacé un tel volume de terre et de pierres qu’on aurait pu s’en servir pour construire une montagne de cent kilomètres de longueur, quarante de largeur et quatre de hauteur. Le volume des Alpes françaises !” (p. 153)
  7. Les mers disparaitront. Car si l’Homme peut tuer la mer d’Aral, il peut toutes les tuer…
  8. Nous terminerons comme les dauphins, qui ne vont pas bien : comme eux nous sommes en haut de la chaîne alimentaire, et c’est ainsi que nous mangeons toute notre pollution. Retour à l’expéditeur !
  9. La biodiversité s’effondrera. “Faut-il, pour un peu plus de croissance ou de puissance, exterminer les derniers loups, jaguars, aigles, cachalots ou requins blancs ?” (p. 162)
  10. De nouvelles épidémies nous décimeront. Car des Bacillus Infernus existeraient dans les profondeurs de nos sols : à force de creuser pour du pétrole, ne va-t-on pas les faire remonter ?
  11. Nous serons stériles, la faute à nos bidouillages génétiques.
  12. Nous aurons des coups de soleil qui se terminent mal : car la couche d’ozone n’est pas sauvée, car nous rejetons trop de clore. Entre autres…
  13. Nous disparaîtrons dans un climat en folie : vous préférez l’aridité ou l’inondation ?
Invasion of the saucer-men edited
Un 14ème scénario ignoré par l’auteur !

Sortie de secours

Un an plus tard, Yves Paccalet écrira “Sortie de secours”, comme une réponse à lui-même, exposant des solutions pour que ça ne finisse pas “droit dans le mur”. Mais on a l’impression qu’il n’est pas convaincu lui-même ce qu’il écrit : “L’Humanité est une chose trop importante pour qu’on la confie aux êtres humains” (p. 12)

On y trouve aussi une réponse à certaines critiques engendrées par le présent ouvrage. Cette seule phrase résume son amertume : “je ne supporte plus d’entendre dire : l’humanité finira bien par trouver des solutions ! (…) Elle signifie : Je me déclare solennellement et définitivement irresponsable.” (p. 12)

Est-ce que depuis lors notre naturaliste s’est assagi et regrette ses provocations ? Eh bien non, puisque “L’humanité disparaîtra…” vient d’être ré-édité.

Avec un bandeau : “revue et aggravée” !

“L’humanité disparaîtra, bon débarras !” par Yves Paccalet, 191 pages, J’ai lu

"Si nous sommes le plus parfait résultat de l'intelligence divine, le QI du Créateur avoisine celui du pithécanthrope !" (p. 97)

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