Archives par mot-clé : écologie

ExtraPaul lit L'écologie en bas de chez moi

L’écologie en bas de chez moi

Peut-on lire avec plaisir un récit critiquant le comportement écologique, surtout quand nous ressemblons à un des personnages, qui en prend pour son grade ? Oui, on peut, et je le recommande. Tant pis si ça fait mal !

Un film de propagande

Iegor Gran, l’auteur, est un écrivain journaliste, et son récit commence quand il doit faire un papier, pour Libération, sur “Home” de Y. Arthus-Bertrand. “Leni Riefenstahl en avait rêvé, Yann-Dieu la fait” . Voilà la première phrase qui devait commencer son article, et qui fut censurée.

Un peu fort, cette référence à la propagande allemande ? Non, nous répond l’auteur : il voit dans “Home” les mêmes techniques et, pire, celui-ci bénéficie d’une sortie mondiale, avec le soutien de personnalités, et une publicité démesurée. C’est la goutte qui fait déborder le vase : trop d’écolos, trop de greenwashing, trop d’intrusions dans nos comportements, trop de conseils infantilisant !

En territoire ennemi

Parlant de son quotidien (on ne connait pas la part réelle et la part de fiction), Gran analyse les faits et gestes de son entourage, et en particulier de son meilleur ami, Vincent, écolo bobo qui marche au vert pour ce qui l’arrange, suit le mouvement sans esprit critique : “Les catholiques utilisent l’eucharistie pour se purifier des péchés passés et se préserver des tentations futures. Vincent, lui, va au salon “Planète Durable” à la porte de Versailles.” (page 45).

Mais Vincent se hérisse du comportement de l’auteur, et ils finissent par ne plus se voir. C’est une belle amitié qui s’arrête à cause d’un sujet qui fâche, et cela donne la mesure de l’emprise du dogme écologique : la discussion n’est plus permise, émettre des doutes vous met dans le camp des ennemis. Vous devenez infréquentable !

ExtraPaul lit L'écologie en bas de chez moi
J’ai beau faire des efforts : mon chien est plus écologique que moi !

Le dogme écologique

“Même pas mal”, écrit l’auteur : il a beau aller à contre-courant, il persiste à répondre à Vincent, à son voisin, au monde, qu’il ne marche pas dans les rangs, qu’il refuse qu’on lui impose cette religion verte. Mais attention, l’auteur en a après la forme, pas le fond. Il ne se juge pas compétent pour savoir qui a raison, qui a tort, même si le GIEC en prend pour son grade. D’ailleurs il déplore que les contre-arguments des climato-sceptiques, Claude Allègre en tête, soient si peu à la hauteur !

Malgré tout, l’auteur s’est documenté, et il agrémente son récit de notes de bas de pages (ils sont tellement nombreux qu’ils constituent le tiers du livre, à vue de nez), documentant ou complétant ses propos. Et ces notes ne manquent pas de piquant ! Ainsi, quand il voit chez Vincent des ampoules fluocompactes vissées dans des lanternes de fiacre du XIXème, une note de bas page explique la procédure d’urgence en cas de casse (rappelons que ces ampoules contiennent du mercure) : sauve qui peut !

La mort de la culture

Si Gran n’écrivait pas avec autant d’humour et de perspicacité, son histoire ne plairait qu’à ceux qui ne comptent rien changer à leurs habitudes, qui ont pour dicton “Après nous, le déluge” : ils pourraient alors brandir ce livre en braillant “Lisez ce qu’on en pense, de vos préoccupations environnementales. Y’en a marre, foutez-nous la paix”.

Mais l’auteur ne se situe pas tout à fait dans ce camp-là, ou à tout le moins tient une attitude plus réfléchie. On peut ne pas être d’accord avec lui, mais au moins sa position est argumentée. Lui aussi pense que “le ciel ne va pas nous tomber sur tête” . Il s’inscrit dans la pensée humaniste qui met l’homme et son œuvre en avant, ce qui lui fait dire que la pression écologique tue la culture…

On n’a pas la même religion, ce n’est pas grave

J’avais introduit l’article en m’assimilant à un des personnages. Ce n’est que partiellement vrai – du moins je l’espère. Car oui, comme Vincent, je suis assez préoccupé par les questions environnementales, et j’avoue mon émotion en regardant les films de Yann Arthus-Bertrand et Nicolas Hulot. Mais par contre je cherche aussi la contre-expertise, et j’aurais eu plaisir à discuter avec un ami comme Iegor Gran, plutôt que de me disputer avec lui.

En tout cas, son livre m’a confirmé ce que j’ai très vite appris : ce n’est pas parce qu’on a des préoccupations environnementales qu’il faut les imposer aux autres. Mes amis, je ne les ai pas parce qu’on partagerait la même religion…


Pour mieux comprendre les motivations de Iegor Gran…

“L’écologie en bas de chez moi”, par Iegor Gran, 189 pages, éditions P.O.L.

Gestes écologiques, nourriture bio, commerce équitable, etc

View Results

Loading ... Loading ...
ExtraPaul écoute A Flash Flood of Colour

Enter Shikari, enter Zeitgeist

Je ne peux tout simplement pas être d’accord que nous sommes civilisés. Agissant comme si cette terre est infinie, c’est un échiquier de mensonges” nous chante Enter Shikari. L’occasion est trop belle pour parler d’un groupe de musique. Mais il faut dire que ça va plus loin…

Enter quoi ?

“Enter Shikari” est un groupe électro-metal que je suis depuis (presque) leur début, et on peut dire, en écoutant leur troisième album studio “A Flash Flood of Colour” , qu’ ils ne sont pas vraiment contents de l’état du monde. Les guerres, le pétrole, l’état de la planète, l’effondrement du système, etc : les 11 chansons incitent au changement voire à la révolution.

ExtraPaul écoute A Flash Flood of Colour
ExtraPaul écoute la contestation en chansons

Les groupes consacrant une chanson à la contestation ne sont pas rares, mais de là à en faire tout un album, ces jeunes-là veulent vraiment faire changer les choses. Et pour  montrer leur engagement, ils mentionnent ce site sur leur pochette : thezeitgeistmovement.com.

Ah, le mouvement Zeitgeist, il ne m’est pas inconnu…

Esprit du temps

Zeitgeist veut dire en allemand “Esprit du temps”, plus particulièrement l’esprit culturel, intellectuel, éthique, spirituel et politique d’une société. Un mot qui représente bien ce mouvement, né en 2008 et présent dans presque 50 pays : il se veut apolitique, sans religion, faisant table rase des dogmes qui dirigent notre monde, ceux-ci jugés inefficaces et engendrant conflits et injustices.

Le mouvement en appelle à une prise de conscience de notre monde, à établir une économie basée sur la gestion durable de nos ressources, à considérer tous les hommes de notre terre comme un seul peuple.

Pour y arriver, la science est mise à contribution : le monde ne sera plus dirigé par des politiques, mais par des technocrates rigoureux qui mettront en pratique la maîtrise scientifique dans des domaines comme la sociologie, la gestion des ressources et des énergies.

En fait, le monde proposé par le mouvement Zeitgeist est high-tech, respectueux de la nature et humaniste. De la science-fiction ?

Le monde selon Jacque Fresco

Derrière toutes ces idées, on a un ingénieur, designer industriel et futuriste américain : Jacque Fresco. Dans les années 70, il lance le projet Venus, la base de tout ce qui est dit plus haut. Et on ne peut pas dire que notre homme manque d’imagination : les villes seront circulaires, le gouvernement sera cybernétique, les constructions utiliseront les matériaux à mémoire, les véhicules seront automatisés, etc.

Le monde de Fresco est vaste et ne manque pas d’images, maquettes et films d’animation pour l’exposer : visitez le site et vous découvrirez un univers aussi complet que Star War ! Ou presque…

Mobilou et Jacque Fresco
Mobilou vous montre les projets de Jacque Fresco

Bien-sûr tout cela ressemble à une utopie. Mais celle-ci trouve des sympathisants de par le monde, et donne une réponse aux gens qui veulent totalement changer notre société…

Hélas il faut le reconnaître : cette vision est typiquement dans l’esprit occidental, imaginé comme si tous les hommes de la terre vivaient de la même manière et avaient la même culture (mais peut-être que les pays en voie de développement veulent vivre comme nous, et donc tendre à ce futur idéal ?). C’est un projet pour repartir à zéro, sur une nouvelle planète : la deuxième terre qui nous consommons déjà virtuellement !

Allons de l’avant

En fait, c’est par un film que je découvris le projet Venus, l’année passée : “Zeitgeist : moving foward”. Avec une esthétique soignée, parfois des animations qui nous rappellent “The Wall”, ce document de… 2h41 !, fait le bilan de notre société, de l’histoire du système économique, pour nous amener, sur son dernier tiers, à la présentation du Projet Venus.

Ce film est en exploitation libre sur le web, sous-titré, alors ne vous privez pas de le regarder. Sa longueur s’explique par le nombre de sujets abordés, mais le montage rend tout cela dynamique et passionnant.


Bande-annonce de “Zeitgeist : moving forward”

Pour ma part, j’avais commandé le DVD. Non pour avoir un chapitrage, qui n’existe pas !, mais pour le faire circuler après l’avoir vu confortablement dans mon salon. Et à l’heure qu’il est, il passe encore de main en main : je crois même qu’il a été projeté dans une classe d’étudiants en sciences sociale !

Allez, “It’s in your hands now, whose future ?”, nous écrit Enter Shikari…

Le projet Venus...

View Results

Loading ... Loading ...

Le ciel ne va pas nous tomber sur la tête

15 géographes nous rassurent sur notre avenir : ça va aller ! Mais le monde qu’ils proposent ne me plaît pas !

La raison des géographes

“Le ciel ne va pas nous tomber sur la tête” : je devais absolument le lire ! A force d’être plongé dans des ouvrages alarmistes, je devais sortir la tête de l’eau, et avaler cet ouvrage comme un bon bol d’air frais.

Et j’étais vraiment curieux : comment 15 scientifiques français, pour la plupart professeurs en géographie, allaient me convaincre que, certes, le fonctionnement du monde est perfectible, mais qu’il n’y a pas de quoi s’alarmer ? Pour reprendre la quatrième de couverture : “Les géographes ont décidé de prendre la parole et de mettre les choses au clair. Leur connaissance de l’histoire mouvementée de la Terre leur permet de mieux comprendre et de mieux évaluer les changements auxquels nous allons devoir faire face.”

Ils prennent ainsi le contrepied de la presse en générale, du GIEC, des ONG, et j’en passe.

Voilà un document qui a le mérite d’exister : si comme moi vous êtes curieux des différents “sons de cloche” que l’on peut entendre sur l’état de notre monde, lisez ce livre. Mais cela ne veut pas dire y adhérer…

Le ciel ne vous tombera pas sur la tête
Un peu de lecture pour se remonter le moral !

Du réchauffement à la fine cuisine

L’ouvrage se découpe en autant de paragraphes qu’il y a d’auteurs, chacun spécialiste d’un domaine : le réchauffement, la montée des eaux, la biodiversité, l’eau, les forêts, la démographie, les énergies, … et deux sujets plutôt étonnants : la fine cuisine dans la grande distribution et le nouveau rôle des armées !

Vu le nombre de sujets traités, la plupart des chapitres vont à l’essentiel : d’abord démystifier les faits, puis rassurer et positiver. Hélas, si la première partie avance de bons arguments, la deuxième est parfois bien maigre ou les solutions avancées ne me plaisent pas beaucoup ! Voici quelques exemples…

La biodiversité se porte mieux avec l’homme

Georges Rossi, qui a consacré sa carrières aux questions de relations entre sociétés et environnements, nous dit que l’homme a toujours modifié son environnement, et que “L’état zéro de la biodiversité n’existe pas” (page 154). Vouloir préserver une biodiversité en l’état n’a donc pas de sens. D’ailleurs, une bonne partie des plantes que nous connaissons à l’heure actuelle est le fruit des manipulations humaines. Vouloir protéger la nature ne dessert pas l’homme, et de plus la biodiversité se porte mieux en sa présence qu’en son absence.

Notre professeur se focalisant sur le végétal, il en oublie toutes ces races d’animaux disparues de notre planète, non pas par l’évolution, mais par la destruction de leur habitat ou la chasse cupide. Faut-il laisser disparaître gorilles, tigres du Bengale, pandas et ours blancs parce qu’ils n’apportent rien à l’homme ? Est-ce que le Costa-Rica, protégeant 25 % de son territoire, est un mauvais exemple de protection de la biodiversité ?

Les forêts partent deux fois moins vite

Continuons dans le même thème, brièvement : Paul Arnould est spécialiste des forêts et de l’environnement et nous explique, après avoir philosophé sur la définition et le rôle d’une forêt, que “Bon nombre d’espaces défrichés retournent ensuite à la forêt” (page 174). Il n’y a donc pas, comme les médias aiment l’annoncer, un terrain de forêt disparaissant à chaque seconde, mais bien… toutes les deux secondes et demie.

Me voilà rassuré et poursuivons…

Nous n’allons pas à la famine

Alors que Gérard-François Dumont explique qu’il n’y a pas une “explosion” démographique, mais un vieillissement qui devrait nous conduire à un bon 9 milliard en 2050, et un équilibre du peuplement dû au développement des pays les plus pauvres, venons-en à Sylvie Brunel, directrice du présent ouvrage, auteure de nombreux livres sur la faim, apparaissant parfois à la télévision pour expliquer que nous pouvons nourrir tout le monde…

Et là, le discours ne souffre pas d’ambiguïté : extension des terres cultivées (un milliard d’hectares en Afrique !), augmentation des rendements, invention de nouvelles plantes, passages à des techniques plus intensives.

Après ce discours aux accents industriels, elle enchaîne avec un chapitre sur “La nécessité d’une agriculture écologiquement intensive” (page 226). Elle y fait mention, entre autres, du progrès de l’irrigation, derrière lequel on devine la privatisation de l’eau… une spécialité française, rappelons-le.

J’avoue qu’ayant vu récemment “Vers un crash alimentaire” , qui tenait un discours complètement différent, je suis dubitatif…


Sylvie Brunel parle d’un autre livre, mais ses propos résument parfaitement celui-ci

Le monde vu par les géographes : j’aime pas !

Dans la plupart des articles, tout comme dans la vidéo ci-dessus, les géographes se basent sur l’histoire de l’homme pour nous rassurer : depuis le début, il a modifié son environnement et s’est adapté, et il en est ainsi pour notre avenir.

Mais trouvez-vous que notre démographie et notre avancée technique ont suivi un accroissement linéaire ? Moi je vois plutôt une courbe exponentielle : en deux siècles la population s’est multipliée par 7, la technologie a fait un immense bon, et la demande en énergie a suivi. Mais la terre est restée à la même taille, c’est sûr. Alors des flashbacks sur Malthus (XVIIIème) qui s’inquiétait de la démographie, les conquistadors qui croyaient découvrir des forêts vierges, le Club Alpin français qui s’inquiète des montagnes en 1890, tout ça me paraît faible pour faire une projection de notre avenir !

Et est-ce que notre histoire a déjà connu la mondialisation, le libéralisme et la perte de souveraineté des pays comme nous le vivons maintenant ? Mais à lire entre les lignes, c’est bien cette situation-là qui permettrait de résoudre les maux de notre terre.

Nos géographes font confiance à l’homme, et le mettent au centre du monde : “A quoi sert de protéger la Nature si elle n’est pas mise au service du plus grand nombre ?” nous préfacent Sylvie Brunel et Jean-Robert Pitte.

Je n’aime pas ce point de vue : je me projette au delà de 2050 (ce que ne font pas nos amis les géographes) et je vois une terre caparaçonné comme Trantor, planète ville imaginée par Asimov dans son cycle de Fondation.

C’est moins joli qu’une planète bleue, mais il va falloir s’y faire…

Trantor par http://gouie.deviantart.com
Notre belle planète grise

“Le ciel ne va pas nous tomber sur la tête”, Sylvie Bruenl et Jean-Robert Pitte, 352 pages, JC Lattès

Voici deux citations opposées. Les géographes choisissent la 2ème, c'est sûr. Et vous ?

View Results

Loading ... Loading ...