Archives par mot-clé : économie

Comment osent-ils ?

“Pour Paul, félicitations militantes” et “Pour les combats présents et à venir, pour Paul” ornent la première page : dédicaces m’invitant à prendre position… à gauche toute !

Hoe durven ze ?

Livre 'Comment osent-ils' de Peter Mertens
Pour les combats présents et à venir…

“Comment osent-ils ?” fut d’abord un best-seller en Flandre : il est maintenant traduit avec le sous-titre “La crise, l’euro, et le grand hold-up”, et tous les Belges du royaume peuvent donc en profiter. D’ailleurs la Fnac (City 2) ne s’y est pas trompée, puisque ce livre figure en bonne place sur le présentoir spécial “crise financière”, qui nous accueille à la sortie de l’escalator…

Ce n’est pas le genre de livre qui fait partie de mes priorités. Mais un coup de pouce… syndicaliste, l’a fait atterrir sur ma pile de livres. Dédicaces et actualité sur l’Europe aidant, je m’y suis quand-même plongé…

Ils ont vu rouge

C’est bizarre, n’est-ce pas ? Voilà que je me sens obligé d’écrire un paragraphe sur la manière dont ce livre est arrivé dans mes mains !

Eh bien il y a un détail qui va faire que certains d’entre vous vont abréger la lecture de cet article dans quelques instants, vont affuter leur imagination pour écrire un commentaire bien senti, et j’en passe… : l’ouvrage est écrit par Peter Mertens, sociologue, en collaboration avec David Pestieau, tous deux… (roulements de tambours) du Parti du Travail de Belgique (PTB). Si vous ne connaissez pas le PTB, un indice supplémentaire : livre publié aux éditions Aden, avec une étoile rouge à 5 branches dans le logo…

Vous êtes toujours là ? Ah, ça me rassure car, dans mon entourage, j’ai dû essuyer quelques plâtres. Je vais à présent vous convaincre que c’est un bon livre…

Le livre, en 5 branches… euh, 5 parties

Je vais être bref car ce livre, dans le feu de l’actualité, est déjà chroniqué dans de multiples blogs et journaux…

Voici les 5 parties le constituant :

  1. Chez nous, en Belgique : le déséquilibre des richesses, le scandale de Dexia, les pensions, l’oppression du monde financier…
  2. Tempête sur l’Europe : ce qui se passe réellement en Grèce et en Allemagne (l’exemple à ne pas suivre), l’Europe dessert le capitalisme et non la société, etc.
  3. Les idéologues du siècle dernier : quelques dogmes assez effrayants suivis par certains politiques.
  4. La crise et le retour du nationalisme : une analyse particulièrement intéressante puisque l’auteur est flamand.
  5. Pas moins, mais plus de débats de société : on fait le point et on propose des solutions.

Malgré des faits qui nous touchent de près ou de loin, le livre se lit avec plaisir, il est bien vulgarisé, regorge d’anecdotes, et met la Belgique au centre de la tourmente. Le ton est parfois humoristique, souvent sarcastique.

L’Allemagne : 6 millions de victimes !

Ce n’est que maintenant que la presse et les médias en parlent, mais Peter Mertens n’a pas attendu cette prise de conscience pour l’écrire : l’Allemagne n’est certainement pas l’exemple à suivre ! Vous avez déjà entendu parler des mesures qui obligent les travailleurs à accepter des salaires d’un euro l’heure… Mais l’auteur nous en apprend plus. Par exemple, lors de la réunification de l’Allemagne, la RDA a été pillée : “L’Est de l’Allemagne a été un banc d’essai pour le dumping salarial et la mise à sac des acquis sociaux” (page 71) : soit 6 millions… de pertes d’emplois !

Ceci n’est qu’un fait parmi tant d’autres, et en refermant ce livre on se dit : “Est-ce que tout s’est vraiment passé comme ça ?”.

Et si c’était vrai ?

Ce que j’y ai lu se recoupe avec l’actualité, les sources sont données : c’est du travail de journalisme et de terrain. D’ailleurs, il suffit de visiter le site du PTB pour se rendre compte que la crise financière, c’est leur cheval de bataille.

Naturellement, vu l’implication politique des auteurs, certains faits relevés demandent une “contre-expertise”. Mais l’ouvrage n’est pas moins crédible que d’autres lectures déjà chroniquées dans ce blog.

En tout cas, j’ai le sentiment que ça ne va pas fort bien dans notre société moderne : si tout ça n’est qu’une illusion, n’est pas grave, un simple passage à vide, voire même que c’est bien comme ça mais qu’on pourrait aller plus loin dans le libéralisme, pourriez-vous me conseiller un livre qui va me rassurer ?

Si vous aimez cette bande-annonce vous aimerez “Comment osent-ils ?”…

“Comment osent-ils ?”, par Peter Mertens et David Pestieau, éditions Aden, 319 pages.

Parce qu'écrit par un politicien, j'ai été étonné des réactions concernant ce livre. Et vous, qu'en pensez-vous ?

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Mobilou prie sur le livre "Les nouveaux maître du monde"

Les nouveaux maîtres du monde : quand le ruissellement ne fonctionne plus

Un État qui ne donne pas à ses citoyens un sentiment de sécurité, ne leur assure pas un minimum de stabilité sociale et de revenu, un avenir prévisible, et ne garantit pas un ordre public en conformité avec leurs convictions morales est un État condamné.” (p.125)

Voilà la phrase que je choisis pour introduire cet article consacré au livre “Les nouveaux maîtres du monde”, écrit par Jean Ziegler. Un titre qui le rangerait entre un “Ils n’ont jamais marché sur la lune” et un “Le grand complot du 11 septembre” (titres imaginaires afin de ne pas porter de jugement sur des livres que je n’aurais pas lus !). Mais il n’en est rien : mr Ziegler est rapporteur spécial des Nations Unies, il côtoie les gens qui dirigent notre monde… et il est suisse ! Il est “dans la place”, comme on dit !

Alors pourquoi cette première phrase sur l’état ? Parce que l’Etat… est en mauvais état ! : dans n’importe quel pays, y compris sur le vieux continent, il se désagrège sous l’emprise des oligarchies, des grandes puissances financières, des “gigantesques personnes immortelles”. Avec un grand levier pour le mettre à genoux : la dette ! Et des institutions pour donner “force de loi” : l’OMC, la Banque Mondiale, le FMI, regroupées sous le chapitre “Les mercenaires”.

Privatisations et accès aux ressources, voilà donc les seules mesures que ces honorables institutions dictent aux pays dans le besoin : ouvrer les portes à la libre entreprise, privatisez-moi toutes ces institutions (celles qui peuvent engendrer des bénéfices – les autres gardez-les, merci bien). Pourquoi l’état doit-il encore exister, finalement ? Eh bien parce que… revenez sur ma première phrase !…

En conséquence, les pays s’appauvrissent… tandis que la richesse s’accumule dans un capital financier “affranchi des pesanteurs du temps et de l’espace” (p.136). Voici un hold-up planétaire pour lequel nous ne pourrons pas faire un “procès de Nuremberg” car les coupables n’ont pas de visage. Le butin est converti en produits financiers de plus en plus complexes, sur lesquels aucune nation, aucune institution n’a le contrôle. On sait juste qu’il s’amoncèle dans des paradis fiscaux, la Suisse en tête : les habitants les mieux salariés du monde, 15 fois plus que dans les pays les plus pauvres (ce chiffre ne vous paraît pas énorme ? Mais je vous parle de salaire moyen, pas de l’écart entre riches et pauvres !).

Pourtant à force d’accumuler de l’argent, ça devrait déborder sur ceux d’en dessous : c’est le trickle down effect (l’effet de ruissellement)… Car voilà bien l’argument marteau pour défendre le libéralisme et la croissance ! Mais si cela marchait au temps des pharaons, aujourd’hui “L’argent produit de l’argent. L’argent est un moyen de domination et de pouvoir.” (p. 89). Il n’y a plus de trop plein : il n’y en a jamais assez ! Et de plus l’argent n’est plus utilisé dans sa fonction première : “Sur 1000 milliards échangés sur une journée en 2001, 13 % seulement a servi au règlement d’une dette commerciale, le reste relevant de la pure transaction, sans valeur ajoutée” (p. 140). Et voilà comment ces sommes ont un effet décuplé sur notre économie !

Jean Ziegler a écrit ce livre en 2002 : le dernier chapitre est consacré à la lutte (d’où le sous-titre du livre, écrit en tout petit : “Et ceux qui leur résistent”). 10 ans plus tard, la dette des pays n’a jamais été autant d’actualité, et les révolutions sont à la une…

J’ai forcé le trait dans cet article, mes pensées se sont mélangées à celles de Mr Ziegler, mais ce livre n’a fait que renforcer mes convictions : nous sommes à la merci des oligarchies financières, et celles-ci n’ont pas l’humanisme dans leurs gènes. Peut-on résister à l’empire du fric et donner un autre sens à notre argent ? Je le crois, je l’espère… et j’en reparlerai bientôt…

“Les nouveaux maîtres du monde”, Jean Ziegler, Points (362 pages).

Mobilou prie sur le livre "Les nouveaux maître du monde"
“Dieu n’a pas d’autres mains que les nôtres”. Eh bien il ne reste plus que des extra-terrestres pour nous sauver !

Le libéralisme écononique...

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La fin du travail : ouf je suis arrivé à la fin

On ne me voit pas le lire mais si, je l'ai bien lu !

Ouvrage très complet et documenté, il est sans doute captivant pour des étudiants en droit social (remarque non anodine puisque c’en est précisément un qui me l’a prêté), mais peu passionnant pour le néophyte que je suis. Je parle de “La fin du travail”, par Jeremy Rifkin.

Ayant fait grand bruit lors de sa parution en 1995, l’ouvrage ne me paraît intéressant aujourd’hui que par sa préface (analyse par Michel Rocard) et ses postfaces, où l’on trouve des avis pour et contre les thèses de Rifkin.

Pour résumer, celui-ci analyse la perte de travail initiée par notre monde moderne, mécanisé et régit par le rendement : même les nouvelles technologies n’absorbent pas le trop plein de travailleurs abandonné par l’automation et les spécialisations. La solution serait de privilégier un “tiers secteur” : celui des services – actuellement le bénévolat et les ONG – qui prendrait un statut plus officiel et reconnu. Et qui bénéficierait d’une rémunération : en fait l’argent qui serait normalement octroyé aux chômeurs mais qui trouveraient ici une nouvelle valeur dans la société.

Le problème est que presque 20 ans plus tard, on s’attendrait à ce que les analyses de Rifkin se traduisent par un taux de chômage énorme. Mais en lisant l’ouvrage dans le métro, je relevais mon nez pour constater que nous étions encore bien nombreux sur le chemin du travail…

Certes il y a de plus en plus de chômeurs : mais est-ce vraiment dû aux améliorations dans l’efficacité du travail ? Qu’en est-il de la délocalisation du travail dans les pays du sud, des travailleurs mis sur carreau suite aux fusions et dégraissages à des fins spéculatives ? Rifkin m’a donné l’impression de ne pas vraiment mettre en cause les dysfonctionnements et injustices sociales qui déséquilibrent la répartition du travail ! Est-ce qu’en 1995 on n’avait pas encore la conscience de la mondialisation ?

Toujours est-il que je reprocherai à Rifkin le même défaut qu’aux économistes (et on sait comment les économistes sont appréciés par les gens tenant des blogs comme celui-ci !) : celui de théoriser sur notre monde complexe et imprévisible – imprévisible car régi par des hommes !

Il n'y a plus assez de travail pour tout le monde ?

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