“C’est pas que moi, les autres aussi devaient faire quelque chose” , “Après moi le déluge” , “Je faisais confiance au gouvernement” , “Je ne pouvais pas sauver le monde à moi tout seul” , “Mes actions n’auraient été qu’une goutte dans l’océan” …
Et vous, quelle excuse donnerez-vous aux générations futures ? Le site sorrychildren.com vous invite à la poster.
“Désolé, j’avais piscine”
Nous faisons quelques efforts, mais reconnaissons-le, nous évoluons encore dans un entourage peu préoccupé par l’urgence climatique. On en parle entre amis, en famille, oui. Mais les actes sont pauvres, quand ils ne sont pas contradictoires. Entre le chacun pour soi (“On ne vit qu’une fois” ) et l’irresponsabilité (“Les Africains n’ont qu’à faire moins d’enfants” ), certaines attitudes sont exaspérantes.
Le site Sorrychildren est alors notre exutoire. Provocation, autodérision : postons les excuses “bateau” entendues à longueur de journée – quand il ne s’agit pas des nôtres !
Ce site nous interpelle : “À moins que nous ayons tout fait pour éviter le pire, nous aurons tous une responsabilité envers nos enfants.” .
Lâchez-vous… puis agissez !
Passé son côté provocateur, le site offre un bel inventaire de ressources concernant notre péril climatique et ses défis : citations, lectures, films, réflexions, adresses de sites web, propositions d’actions, appels à se faire entendre… Même en étant déjà bien informé, on découvre quelques surprises, comme le site The Freaks (“Ne faites plus comme tout le monde” ).
Mais avant toute chose, postez votre pire excuse. Et et en passant, aimez ma pire excuse, puis cliquez sur la photo : ma réponse se dévoilera. Je n’y gagne rien, si ce n’est un encouragement à poursuivre mes efforts.
Oui, la Terre peut héberger tout le monde, voire plus. Voici un livre qui remet les idées en place. Ou presque.
Nouveau jugement
Je ne crois pas me tromper en disant que la majorité des gens comme moi, soucieux de la santé de notre planète, pense que nous sommes trop nombreux sur terre. En tout cas c’était mon sentiment. N’avais-je pas débuté mon blog avec la chronique d’un livre polémique, qui donnait le ton ?
Mais après la lecture de ce livre-ci, sous-titré “Le mythe populationniste, l’immigration et la crise écologique” , je revois mon jugement, même si certains paragraphes m’ont crispé.
On doit cet ouvrage claire, structuré et didactique à Ian Angus, activiste éco-socialiste et rédacteur en chef de Climate and Capitalism, et Simon Butler, militant pour la justice climatique. Sans être économiste ou démographe, ils nous disent que oui, il y a assez de place sur Terre pour tout le monde. Et que les misères de l’homme tiennent à sa société inégalitaire et non à un manque de ressources.
La bombe P qui n’a pas explosé
S’il y a un sujet qui se prête aux idées simplistes et aux raccourcis, c’est bien celui de la surpopulation. Mais mettre en parallèle la courbe de l’accroissement de la population avec, par exemple, celle du réchauffement planétaire, est insuffisant pour y voir un lien de cause à effet… de serre !
Des erreurs d’appréciation sur la (sur)population, cela fait des décennies qu’on en commet. Au point d’avoir ancré dans l’esprit collectif l’idée de la fin du monde les pieds dans l’eau et le ventre creux.
En 1974 un démographe nous annonçait que dans 700 ans il ne resterait qu’un pied carré de terre pour chaque être humain. Avant lui, en 1968, Paul R Ehrlich et sa femme sortaient “La Bombe P”, best-seller alarmiste, qui avait tout faux sur les prédictions pour les années à venir. Un comble quand on sait que le taux d’accroissement de la population mondiale a amorcé un ralentissement cinq ans avant qu’ils ne commettent leur livre, anéantissant la théorie d’une croissance exponentielle.
La faim du monde
“La population est une abstraction, et non une entité réelle” nous disait Karl Marx. Et établir de simples projections mathématiques, comme le font les populationnistes, c’est ignorer la complexité de la société humaine. La natalité dépend du pays, de l’économie, de la religion, de l’éducation, de la politique : tous ces paramètres rendent les prévisions difficiles.
Toutefois, même si une projection à long terme est hasardeuse, il parait raisonnable d’accepter les chiffres de l’ONU, qui prédit 9 milliards d’humains en 2050, et une stabilisation de la population à la fin du siècle.
Cela fait-il encore trop de bouches à nourrir ? “La production de céréales dans le monde suffirait à elle seule aujourd’hui à fournir quotidiennement 3 500 calories à chaque être humain sur la planète.” (p. 108)
Pourtant, près d’un milliard d’humains ne mangent pas à leur faim. Où est le problème ?
La nourriture va où est l’argent. Les gens gagnant 25 $ l’année sont en concurrence avec ceux gagnant la même chose à l’heure !
Les céréales sont transformées en bœuf : 40 % des récoltes servent à nourrir le bétail.
Le maïs est transformé en carburant. “En 2007, les véhicules américains ont brûlé assez de maïs pour couvrir l’ensemble des besoins à l’importation des 82 pays les plus pauvres du mondes.” (p. 110)
D’immenses quantités de nourriture sont détruites, gaspillées ou jetées. Y mettre fin pourrait non seulement résoudre les problèmes de la faim dans le monde, mais aussi en nourrir trois milliards de plus.
Quant à savoir si une agriculture intensive est nécessaire pour y arriver, l’expérience de Cuba, qui a été coupé en carburant, engrais et pesticides suite à l’effondrement de l’Union Soviétique, montre qu’une agriculture écologique peut nourrir le monde.
On peut donc clore ce chapitre sur la faim dans le monde. Et plutôt s’enquérir de l’impact écologique de cette multitude d’humains.
Le pire pollueur du monde
Plus d’habitants égal plus de pollution, évidemment. Imposons donc un planning familiale aux pays du Sud, de l’Afrique en particulier, pour que cesse cette reproduction hors de contrôle !
Sauf qu’un Américain émet 400 fois plus de CO2 qu’un Malien. Ne se trompe-t-on pas de cible ? Les auteurs pointent du doigt les vrais coupables :
Les très riches, superconsommateurs dont l’impact écologique est disproportionné. “Les 5 % des Américains les plus riches possèdent plus que tous leurs concitoyens réunis.” (p. 199)
Notre système économique qui crée le besoin, impose ses produits, dicte nos choix. Le consommateur n’est pas le souverain des lois du marché, comme le prétend une majorité d’économistes. Une personne se rendant sur son lieu de travail en voiture n’a sans doute pas d’alternative moins polluante : pas de transport en commun, pas de voiture à technologie verte, pas d’infrastructure pour partager son véhicule.
L’impératif de la croissance et son instrument de mesure, le PIB, qui avantage le capitalisme et non la société.
Corolaire de cette croissance imposée, le gaspillage et la pollution qui “ne sont pas une conséquence fortuite ni une déficience du marché. Ils s’intègrent au fonctionnement du système.” (p. 241)
Les armées et les guerres ! Première consommatrice de pétrole au monde, l’armée américaine est “le pire pollueur au monde” . Ainsi la guerre en Irak a généré autant de CO2 que 25 millions d’automobiles.
Pauvres consommateurs
“Dans une large proportion, la consommation (le flux de production) n’engage en rien les utilisateurs individuels de produits.” (p. 187)
Voilà qui me dérange !
Les deux auteurs ont tendance à présenter le consommateur comme une victime et, avec la citation ci-dessus, signifient que s’il peut faire un effort sur les 1 % de déchets qu’il génère, ce n’est rien par rapport aux 99 % généré par l’industrie.
Plusieurs fois dans le livre l’idée d’une causalité inexistante entre l’activité industrielle et le nombre de la population est défendue : si on divisait de moitié la population américaine, les entreprises américaines ne réduiraient pas d’autant leur production et leur destruction écologique. (p. 242)
Je ne comprend pas ce principe. Je ne peux pas imaginer qu’acheter moins de matériel électronique, pour prendre un exemple emblématique, n’aurait aucune conséquence sur l’industrie et la quantité de déchets produits.
Le consommateur est victime d’un système qui dicterait son comportement ? Une victime consentante, oui ! C’est oublier qu’une prise de conscience pousse certains d’entre nous à consommer différemment, à devenir acteur du changement. Et c’est un mouvement qui grandit, preuve que l’industrie ne contrôle pas tous nos faits et gestes.
Gosses de riche
Une partie du livre est consacrée à l’immigration, un sujet tellement chaud et complexe qu’il mériterait un autre article.
Mais il serait injuste d’ignorer le message du livre, éveillant notre conscience avec ce que disait l’historien Robert Biel : “[…] une partie du monde est pauvre parce que l’autre est riche.” Et de se rappeler qu’en 1750 le niveau de vie moyen était à peu près le même au Nord qu’au Sud.
La conclusion des auteurs est que la menace qui pèse sur l’humanité est due à son activité et non à sa démographie. Ils donnent leurs recommandations pour une “révolution écologique”, qui vont dans le sens de nombreux articles de ce blog…
“Une planète trop peuplée ?”, Ian Angus et Simon Butler, 301 pages, les éditions écosociété
COP21, c’est bientôt et pas loin : mobilisons-nous !
Oui mais pas en pédalant
COP21, c’est la conférence de Paris sur le climat. Soit la “21e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques de 2015” qui “doit aboutir à un nouvel accord international sur le climat, applicable à tous les pays, dans l’objectif de maintenir le réchauffement mondial en deçà de 2°C” (cop21.gouv.fr).
Ce grand rassemblement des Nations Unies sera accompagné d’une multitudes d’événements, de rassemblements et d’initiatives de la société civile, formant une sorte de contre-COP21.
Bref, Paris en cette fin d’année, ce sera “the place to be” pour les acteurs d’un changement de société.
Et dans le calendrier bien fourni des mobilisations, il y aura la “marche pour le climat”, le 29 novembre. Elle aura lieu dans plusieurs villes du monde, mais les Belges ont l’occasion d’aller à celle de Paris grâce au mouvement Climate Express, soutenu par WWF Belgique avec sa campagne Road to Paris. Le défis ? Mobiliser dix mille d’entre nous, les organisateurs apportant un soutien logistique : nous irons en train, en bus… ou à vélo !
Vous l’aurez deviné : je suis inscrit !
Mais je n’y vais pas à vélo.
Mon message aux Bangladais
Quand on parle de mesures à prendre pour diminuer notre impact sur le climat, on pense principalement aux énergies. Or, l’énergie, c’est le fondement de notre civilisation… moderne.
Alors c’est vrai, appartenant au clan le plus pollueur de la planète, et pas vraiment dérangé par une hausse des températures, aller manifester au COP21 est aussi crédible qu’un fumeur supportant le Télévie.
Histoire de voir où j’en suis, j’évalue mon empreinte écologique sur footprintnetwork.org : le site pose des questions précises et tient compte du pays habité (il n’y a pas la Belgique alors je pointe le Luxembourg). Eh bien, malgré quelques efforts, c’est pas terrible !
Avec ça, je vais donc me déplacer de 320 kilomètres (en bus) pour m’insurger : que vais-je dire à un habitant du Bangladesh ?
Eh bien je lui expliquerais qu’à moins de sacrifier ma vie sociale ou de changer de pays, il m’est difficile de descendre en dessous d’un certain seuil de consommation. Mais cela ne m’empêche pas de m’insurger contre cette machine à accumuler les richesses qu’est notre économie, empêchant toute solution globale, grippant les discussions autour d’un avenir commun, sacrifiant la biosphère sur l’autel du gain.
Je poursuis et signe : le réchauffement climatique, c’est la surchauffe d’une économie qui n’a que la consommation pour produire de la richesse.
Ce 29 novembre, je me joins donc aux associations et ONG de tous bords pour dire que je n’aime pas ça et que je veux voir des décisions courageuses prises par les dirigeants.