Et si l’homme n’était pas le principal responsable du réchauffement planétaire ? Voici un livre qui fait front à l’idéologie écologique (pour reprendre les termes de l’auteur).
Paroles d’un écologue
Laurent Cabrol, vous connaissez peut-être son visage ou sa voix : journaliste , animateur, et surtout monsieur météo sur France 2 de 1987 à 1992. C’est cette fonction qui lui donne une certaine légitimité pour avoir écrit ce livre “à contre-courant” (dixit la couverture).
“Et si la terre pouvait s’accommoder de nos excès ? Et si la nature possédait des ressources insoupçonnées pour digérer nos folies et générer des contre-feux ?” (p. 8)
Et si nous arrêtions de nous culpabiliser sur notre mode de vie ? Si nous vivions pleinement notre monde moderne ? Voilà le message sous-entendu par l’auteur.
D’ailleurs il se définit comme un “écologue”, plus scientifique et moins vindicatif qu’un écologiste : “[…] gardons-nous des conclusions hâtives : les calculs d’aujourd’hui sont peut-être les erreurs de demain.” (p. 71)
Du supportable à l’apocalypse
“Je ne conteste pas ce réchauffement, je fus même l’un des premiers à l’inclure dans mes propos météorologiques. Mais je réfute que l’on accuse l’homme de tous les maux sans tenir compte de la variabilité naturelle du climat et de l’approximation des recherches.” (p. 111)
Concernant la variabilité, l’auteur nous dit que “la terre en a vu d’autres” . L’histoire de l’homme est émaillés de froids extrêmes, de canicules, d’inondations et de tempêtes. Il a connu le petit âge glaciaire entre 1550 et 1850 et est entré maintenant dans “une période de réchauffement global mais avec des excès qui sont, fort heureusement, pour l’instant, supportables.” (p. 95)
Quant à l’approximation des recherches, l’auteur en veut principalement au GIEC, évidemment. Ces scientifiques, en plus de négliger les hauts et les bas de notre histoire météorologique, ne peuvent se reposer que sur des sciences trop immatures pour appréhender le climat. Leurs conclusions sont donc approximatives et discutables, voire fausses.
“Je rappelle que le GIEC, dans son dernier rapport de synthèse (novembre 2007), avance une estimation de + 1,6 à + 6,4 °C d’ici à 2100. Quelle fourchette ! En fait, on passerait du supportable à l’apocalypse !” (p.36)
La faute au soleil ?
Voici quelques points que Cabrol considère comme mal compris, voire ignorés, par le “fameux consensus” :
- La nature des nuages explique en partie les différences de température sur notre planète. Mais “On ne sait rien sur le rôle des nuages et ils sont l’une des clés essentielles du réchauffement. La Terre peut donc nous surprendre et réagir à sa manière pour s’en sortir toute seule.” (p. 57)
- L’océan est une grosse machine thermique (thermohaline), dont les effets de bord s’étalent sur des dizaines d’années : “est-ce que le climat qui est le nôtre aujourd’hui a été déterminé, il y a quelques siècles, dans un autre coin du globe ?” (p. 32)
- On ne connait pas encore le fonctionnement de El Niño, ce courant d’air soufflant dans le Pacifique entre l’Indonésie et le Pérou. Il s’inverse régulièrement, influençant la météo dans le même sens. Ce phénomène est inexpliqué et “donne une nouvelle preuve que, en matière de climat, la complexité est immense et les mystères encore nombreux.” (p. 40)
- La banquise et les glaciers fondent, c’est une évidence. Mais la Terre a déjà connu ces phénomènes : “nous sommes entrés dans une période de changement climatique naturel comme il en existe des dizaines dans l’histoire géologique de la terre, une histoire qui date de 4,5 milliards d’années.” (p. 65)
- Certaines études disent que le Soleil serait dans une phase ascendante de chaleur : “Et si, en chauffant plus, le Soleil était en fait le principal responsable de la poussée de CO2 dans l’atmosphère ?” (p. 75)
On se moque de nous
Le réchauffement climatique est décidément un sujet polémique. Même s’il existe un consensus pointant du doigt les activités de l’homme, ne restons pas sourds aux voix qui contestent la pensée unique : “Si nous pensons tous la même chose, c’est que nous ne pensons plus rien…” (p. 101)
Mais cette voix-ci est-elle crédible ?
Quand l’auteur nous parle d’une Belgique qui perd 10 % de sa population… au XIVe siècle !, on peut supposer que les raccourcis sont nombreux dans ce petit livre qui survole des domaines scientifiques faisant l’objet de milliers de pages du GIEC et d’autres publications. Je vous invite d’ailleurs à voir comment Cabrol se défend face à Yves Cochet, fondateur des Verts.
En tout cas, n’attendons pas de notre homme, qui a aussi été animateur des Chiffres et des Lettres et du Téléshopping, une mise en cause de notre mode de vie. Qu’il qualifie de “coup d’État masqué” la perte de 1.500 places de parking, à Paris, au bénéfice des emplacement Vélib’, en dit long sur ses valeurs, assez éloignées des miennes…
Et quand la Belgique sera à moitié sous eau, on se dira que la Terre s’en sortira bien toute seule. Quant à l’homme…
“Climat : et si la Terre s’en sortait toute seule ?”, Laurent Cabrol, 123 pages, J’ai Lu.