Ouvrage très complet et documenté, il est sans doute captivant pour des étudiants en droit social (remarque non anodine puisque c’en est précisément un qui me l’a prêté), mais peu passionnant pour le néophyte que je suis. Je parle de “La fin du travail”, par Jeremy Rifkin.
Ayant fait grand bruit lors de sa parution en 1995, l’ouvrage ne me paraît intéressant aujourd’hui que par sa préface (analyse par Michel Rocard) et ses postfaces, où l’on trouve des avis pour et contre les thèses de Rifkin.
Pour résumer, celui-ci analyse la perte de travail initiée par notre monde moderne, mécanisé et régit par le rendement : même les nouvelles technologies n’absorbent pas le trop plein de travailleurs abandonné par l’automation et les spécialisations. La solution serait de privilégier un “tiers secteur” : celui des services – actuellement le bénévolat et les ONG – qui prendrait un statut plus officiel et reconnu. Et qui bénéficierait d’une rémunération : en fait l’argent qui serait normalement octroyé aux chômeurs mais qui trouveraient ici une nouvelle valeur dans la société.
Le problème est que presque 20 ans plus tard, on s’attendrait à ce que les analyses de Rifkin se traduisent par un taux de chômage énorme. Mais en lisant l’ouvrage dans le métro, je relevais mon nez pour constater que nous étions encore bien nombreux sur le chemin du travail…
Certes il y a de plus en plus de chômeurs : mais est-ce vraiment dû aux améliorations dans l’efficacité du travail ? Qu’en est-il de la délocalisation du travail dans les pays du sud, des travailleurs mis sur carreau suite aux fusions et dégraissages à des fins spéculatives ? Rifkin m’a donné l’impression de ne pas vraiment mettre en cause les dysfonctionnements et injustices sociales qui déséquilibrent la répartition du travail ! Est-ce qu’en 1995 on n’avait pas encore la conscience de la mondialisation ?
Toujours est-il que je reprocherai à Rifkin le même défaut qu’aux économistes (et on sait comment les économistes sont appréciés par les gens tenant des blogs comme celui-ci !) : celui de théoriser sur notre monde complexe et imprévisible – imprévisible car régi par des hommes !